mardi 1 février 2011

Baton Rouge - Fragments d'eux-mêmes



Fragments d'eux-mêmes ouvre une parenthèse qui nous renvoie inexorablement au hiatus de Daïtro. Le quintet lyonnais nous a abandonné avec Y en 2009 et on pensait ne pas se consoler mais voilà, Gwen, Benoît, Julien et Samuel ont décidé de poursuivre l'aventure sans leur chanteur et de fonder Baton Rouge. Comme dans 12XU, c'est Gwen et Julien qui se partagent ici le micro; la justesse n'est pas toujours au rendez-vous, le timbre parfois à la limite de l'agréable mais peu importe, car premièrement on s'y fait très rapidement, deuxièmement dans le style, le chant n'a jamais été des plus harmoniques et enfin, la qualité des compositions supplante largement un quelconque attardement sur ce détail. Les lyonnais ont délaissé l'emo-hardcore passionné cher à Daïtro pour se tourner vers un indie/noise/emo racé. Parce que oui, Fragments d'eux-mêmes a tous les attributs d'un album tel que l'on en sortait dans les années 90: Mission of Burma ou Sonic Youth pour le côté indie/noise et de l'emo tel que l'on en retrouve chez Tubers, chouette groupe dont les 12XU ont croisé la route durant leur tournée aux Etats-Unis, et dont Gwen et Julien ont sorti le dernier album via leur label Echo Canyon. Même la pochette m'a fait juré y avoir vu une référence à celle du premier LP de Drive Like Jehu (mon fort intérieur fait de drôles d'assimilations parfois). Fragments d'eux-mêmes contient son lot de titres taillés pour la célébration en public, en commençant par les deux titres d'ouverture, Tous seuls et l'énormissime Sur un banc. Baton Rouge calme un peu le jeu pour Que les fils: mélodie léchée, choeurs et descente sensible, tout comme celle de Des chemins balisés. Et c'est en cela que réside la force de ce premier album: une navigation perpétuelle entre passages emprunts d'une énergie punk-rock, accalmies à fleur de peau, dissonances noise et une faculté imposante pour un song-writing talentueux. Fragments d'eux-mêmes contient tout de même son moment de faiblesse nommé Aérosols, mais ce premier disque devrait, outre satisfaire tout ceux perplexes face au hiatus de Daïtro, poser Baton Rouge comme une référence dans le style. Tout ça pour vous mener là où je veux en venir: Baton Rouge est un GRAND groupe.