mercredi 7 septembre 2011

Monstre! - Inside Living Animals



On parle de l'artwork? On parle de l'artwork. Les Monstre! ont opté pour un cheap assumé. Quatre portraits sur la pochette, sorte de caricature de l'album Let it be. Le pif de l'un se retrouve sous le front de l'autre, la moustache du troisième avec les lunettes du quatrième. Saurez-vous trouver à travers les autres possibilités imprimées sur le dos de l'album les vrais visages des musiciens de Monstre!? Côté galette, Inside Living Animals contient son lot de bombes noisy funky. Mocking birds, Echoes of silver, Lions on my sweatshirt, Giorgio Armani Nejad au jeu de mot osé et The answer to your questions might be in Black Sabbath songs: tout autant de possibilités pour danser fiévreusement sur un sol crasseux. Pour faire court, Monstre! c'est Sonic Youth qui aurait décidé de faire un album disco. Le duo basse/batterie confesse son sens évident du groove. Les deux guitares s'approprient chacune leur propre terrain de jeux. Pendant que la première se cantonne à une mélodie simple, en note à note, mais plus efficace tu meurs, l'autre ammène de la texture, joue de sa réverb ou de son overdrive craspec. Au milieu de ce fun continu, seul Sudden beat of the sun apparaît comme un peu plus "déprimé". Plus chargé, avec un accord qui dure qui dure. Plus lourd aussi, presque hypnotique. Tout chez Monstre! est extrêment juste, extrêment bien pensé, extrêment bien fignolé. Les arrangements (les clappements sur Lions on my sweatshirt par exemple) bouclent la cohérence de l'album. En bonus, deux titres: une autre version de Echoes of silver et de Sudden beat of the sun. La première en boîte à rythme et synthé, fun et même pas anecdotique; la seconde en version (presque) dansante, évidemment. Voilà, alors on peut se marrer un petit moment avec la pochette, mais ce premier ep de Monstre! a de quoi se la rammener, parce qu'avec un tel sens de la mélodie et du groove, Monstre! atteint aisément son but qui est que "les mélodies restent gravées dans la tête de l'auditeur dès la première écoute."

Ned - Bon Sauvage



Commençons donc par (re)situer Ned. Ned est un trio lyonnais qui existe déjà depuis 1998. Après une poignée d'ep, albums, et splits (avec Doppler notamment), Bon sauvage a débarqué en mai 2011, le visage fier avec pour apparat cette linogravure élégante signée Mino Maccari, artiste et caricaturiste fondateur de la revue Il Selvaggio (Le Sauvage en italien) active de 1924 à 1943. Le bon sauvage comme figure antithétique d'une société bien-pensante, illustrée par les deux personnages de la pochette, dans laquelle on apprends aux hommes à jouer à la guerre et aux femmes à user de leur coeur. La musique de Ned est justement loin de la binarité illustrée ici. Si Ned a bien calmé le jeu depuis ces précédents efforts, le trio taille toujours sa route à travers ses propres paysages, qui ne sont ni trop dociles, ni trop amicaux. Sachant se la jouer funky (l'imparable Afri-cola), élaborer des dérapages en forme de clin d'oeil (le punk-rock Turn on the cops), Ned a élagué son noise-rock et lui a insufflé une nouvelle énergie post-punk. Bon Sauvage sent, tout à la fois, les années 80, 90 et 2010. Bigger Penises affiche, sans gêne aucune, un groove irrésistible et on se laisse happer par la lancinance des spoken-words et du riff interminable de Wanna be beta city. On retrouve des accents à la The Ex chez Ned, notamment dans la voix (Same same but different), parfois également à la Fugazi. Néanmoins, après une première moitié enthousiasmante, Bon Sauvage s'essouffle petit à petit, et même si les textes en français au milieu du titre éponyme nous font sursauter l'oreille un instant, les quatre derniers titres estompent tout l'engouement que le trio avait construit avec les sept premiers titres. Dommage, car Ned a le talent de son côté, mais le trio gagnerait à tailler le superflu, vois à se limiter à des formats plus courts, surtout lorsqu'on met en forme son album de si belle manière.