samedi 25 décembre 2010

Bygones - by~




Je suis passé complètement à côté de cet album lors de sa sortie l'année dernière, pourtant je pensais me tenir suffisamment au courant de tout les projets de Zack Hill. En gros, Zack Hill, et pour ne pas être subjectif, est l'un des meilleurs batteurs de sa génération. Un gars que j'estime particulièrement, le genre de mec dont tu découvres un jour qu'il ne joue pas uniquement dans un de tes groupes préférés (le groupe math-rock à dimension variable Hella), mais qu'il est impliqué dans un bon petit paquet de groupes que tu apprécies particulièrement, sans jamais ne t'être douté de rien: Goon Moon, Crime In Choir, Team Sleep ou plus récemment El Grupo Nuevo de Omar Rodriguez Lopez (entre autres). Bygones, donc, est un duo avec Nick Reinhart, guitariste de Tera Melos. Pour faire court, Bygones ravira tous les fans de Hella qui attendent impatiemment un nouvel album depuis l'énorme There is no 666 in outter space sorti il y a deux ans. Bygones joue dans le même coin de la cour, les analogies avec le dernier album de Hella étant indéniables: une batterie envahissante, une guitare ultra-technique et des chants barrés et sortis de je ne sais où. Sûrement autant indigeste pour certains que le mac-quick burger de la pochette (que j'adore au passage, limite du Martin Parr en plus), mais qui sera clairement addictif pour d'autres: il est trois heures du matin, l'album en boucle depuis un certain moment, incapable de plus de précision car ayant perdu toute notion de temps, et impossible de se décider sur quelle dernière chanson finir avant de se décider à être raisonnable et donner un peu de repos à son corps. Allez, je m'abandonne à Up the shakes pour ce soir! Ouais, bonne nuit à tous! A demain. Merde, je crois que je vais plutôt choisir Nu cringe finalement, et je serai bien obligé d'enchaîner avec Fool evolved qui suit. Non mais sérieusement, rassurez-moi, dites-moi que je ne suis pas le seul à faire ça!

samedi 18 décembre 2010

Rien - 3



Sur des préjugés (fondés ou non), on peut parfois éviter certaines formations parce que leur patronyme ne nous évoque pas grand chose, parce que leur concept nous semble fumeux, un brin prétentieux et leur univers visuel tellement « arty farzy ». Puis on remarque des critiques élogieuses, mais pas de celles qui lèchent simplement les fesses, de celles qui vous donnent vraiment envie d'aller voir ce qui s'y passe de plus près. Rajoutez à cela des références de goût certain (Tortoise, Liars, Oneida, Can et j'en passe) et là on se dit que l'on est peut-être passé à côté de quelque chose. Voilà, je crois donc que je découvre Rien avec beaucoup de retard. Les habitués de Rien sauront qu'il est difficile de décrire de façon pertinente la musique du groupe avec des termes musicaux, ainsi donc je tenterai de l'éviter le plus possible. L'univers des Grenoblois à toujours été plutôt cinématographique, comme l'avouait explicitement le générique de fin de Il ne peut y avoir de prédiction sans avenir. Pour ce nouvel album, A jerk in da hell débute comme un nanar de SF/fantastique : forêt embrumée, faisceaux lumineux traversant les arbres et rite amérindien psychédélique ; mise en bouche pour The sun is always right. Ce deuxième chapitre nous éjecte alors, direction l'hyperespace, bande-son krautrock avec solos zappaesques hallucinés. Une longue dérive la tête dans les étoiles. Masterkraft signe le retour sur terre, désert tribal, danse (cette fois-ci encore) amérindienne, mais plus enjouée, le ton et cette fois-ci à la célébration des éléments ; mon passage préféré. On applaudit mais ce n'est pas fini : on repart pour un tour parce que l'on ne veut pas voir la fin arriver. L'épopée se termine avec V qui est une toute autre histoire. Des photos entre les mains, mémoire d'un autre temps. Un soleil doux qui nous réchauffe la peau, l'herbe fraîche entre les orteils. Souvenirs, sérénité, sourire. Rien n'est pas une de ces formations que l'on range facilement dans une catégorie, qui s'imprègne des ingrédients d'un style et qui les ressort tel un bon élève. Rien, ce n'est pas non plus un mélange de recettes qui aurait perdu sa spontanéité dans sa quête d'originalité. Rien, c'est un panel de décors, d'émotions, une adéquation de naturel, de franchise et de talent.

Sed Non Satiata - Sed Non Satiata


Sed Non Satiata nous avait laissé en 2008 avec ce fameux split en compagnie de Daïtro. L'image que le groupe renvoyait était celle d'un certain parti pris. Un chant en français très mélodique qui pouvait séduire mais aussi facilement rebuter ou faire crisser des dents. C'est donc cette idée qui trottine dans ma tête pendant que j'enfile l'objet dans mon mange-disque. Autant en finir avec ce sujet de suite, la voix d'Arnaud semble métamorphosée. Exit les intonations presque maniérées que l'on pouvait trouver sur Les hommes sans visage, on est ici beaucoup plus proches d'une certaine école de l'emo français, celle d'Amanda Woodward et de Daïtro. Même si certaines envolées parsèment encore les chansons de SNS, la voix se fait un peu moins suave et s'intègre bien plus naturellement dans la musique. Pas de mise en bouche cette fois-ci, Les colonnes de soie nous attrape directos à la gorge. Des cris désespérés, un groupe qui alterne intensité et modération et des chants clairs enchanteurs. Je suis par contre un peu sceptique sur le titre qui vient. Osögõ orõ nous propose un post-hardcore déjà entendu chez Geneva il y a quelques mois par exemple, et un passage commun de post-rock avec sample de rigueur, mais le quartet se rattrape largement sur les irruptions puissantes qui tranchent le titre. En revanche, rien à redire sur Entre les mots ; un piano en introduction qui se mêle aux notes de guitare, puis tout coule naturellement jusqu'à l'explosion dans un chant fédérateur : « Mais à toujours chercher un sens ou à essayer de briser le silence entre les mots » pour redescendre et finir majestueusement sur ce même piano. On descend encore avec les accords délicats, en acoustique de Calle Jaen 23 puis on termine avec L'arrache cœur, qui s'écoule lentement et finit par nous emporter dans sa montée d'intensité. Admirablement réalisé, mais il manque un petit quelque chose. Alors oui cet album a la classe, il est superbement bien ficelé mais Sed Non satiata a, à mon goût, perdu en spontanéité. Le groupe a évolué et n'est pas resté sur ses acquis et l'album dans l'ensemble sonne moins personnel (hormis Entre les mots). En même temps... je ne sais pas... peut-être qu'on s'en fout... Sed Non Satiata s'est lancé dans une direction et cela lui réussit. Les Toulousains ont sûrement le temps de trouver la bonne formule, de jongler entre l'originalité et la qualité et ils sauront un jour marier les deux, parce qu'ils ont  la capacité de le faire et ils nous le prouvent une fois de plus.

Han Som Soker - Han Som Soker



Composé et enregistré en deux mois, Han Som Soker est le projet d'un seul homme, en la personne du bassiste des défunts Inys. L'artwork instaure le climat austère de l'album : forêts profondes, montagnes enneigées et ciels nuageux. La nature prenant le dessus sur la civilisation, la présence humaine réduite à néant. Rien que le sifflement du vent entre les sapins, le ronronnement de l'eau coulant entre les rochers et le murmure de la neige qui se dépose sur le sol. La typographie déstructurée sur la pochette en carton et les écritures gothiques du livret appelleraient presque à un logo « True Norwegian Black Metal ». L'Intro remplit son rôle : claviers sombres et glaçants en crescendo puis décrescendo, de quoi prévenir l'auditeur à ce qui va en suivre. Ghost débute sur de délicates notes de guitare rejointes par un chant posé mais habité. La transition qui arrive ensuite a un petit côté-début de Pity the weak de Fall Of Efrafa, en version beaucoup plus lente : même façon de reprendre des couples de notes calmes à la guitare après une ambiance qui s'estompe mais reste sous tension. Un peu plus loin, c'est l'ombre d'Inys qui refait surface: guitare crade, batterie lente et grain de voix écorché. L'intro de September et ses étouffements de notes éparses sous chorus font étrangement penser au thème musical de Twin Peaks. Le rapprochement avec la série culte de Mark Frost et David Lynch n'est d'ailleurs pas aussi incongrue qu'elle en a l'air : l'appel de la nature, à travers des forêts épaisses et mystérieuses et la déchéance psychologique humaine en société sont des thèmes communs. En témoignent les paroles de Enclave of freedom : « Only the nature, in certain places, rest free of any chains / Freedom is no longer than here / Cities are cages without bars / Bars are useless for docile beast ». Le black-métal ambiant de Han Som Soker, même s'il prends ses propres directions, reste teinté de l'expérience avec Inys. Le spectre de ce dernier rode autour de ces 6 titres : on retrouve ces même riffs pesants à peu d'accords sur lesquels viennent, en revanche, s'accrocher ici et là des notes plus aigües, un cri guttural, des claviers glacés ou encore une guitare acoustique. Han Som Soker est en tout cas une expérience artistique honorable : s'investir complètement dans un processus de composition pendant deux mois, improviser face à sa volonté immédiate pour n'enregistrer que le ressentit à l'instant présent, sans avoir le temps de prendre de recul, pour faire ressortir ce qui pourrait être perçu comme la sincérité ultime.

Amesoeurs - Amesoeurs



Image de fin du monde, d'une civilisation détruite et détruisante. Derrière cette magnifique pochette se cache un quartet, constitué de membres d'Alcest et Les Discrets. Se décrivant comme les enfants de ce monde urbain décadent, Amesoeurs est l'exutoire à l'ingurgitation quotidienne de notre civilisation industrielle anti-naturelle. Après un Gas in veins instrumental comme mise en bouche intense, Amesoeurs se dévoile complétement dés Les ruches malades : une voix  féminine le plus souvent claire et douce et un métissage de divers styles : black-métal, coldwave et une sensibilité pop certaine. L'exercice peut paraître difficile et le black-métal et la coldwave sont des styles auquel je suis d'ordinaire hermétique, mais force est de constater que les qualités sont présentes. Amesoeurs possède ce je ne sais quoi qui rend leur musique touchante, émouvante, malgré ou peut-être grâce à ses défauts. Tout d'abord, le chant d'Audrey en  français rappelle aux premiers abords certains groupes français radiophoniques dont je tairais les noms, car Amesoeurs ne joue définitivement pas dans la même cour. Pour exemple le magnifique Heurt : la voix d'Audrey se veut très mélodique mais se trouve en retrait, perdue dans les méandres. Le groupe aime la sensibilité, mais l'on sent qu'il cherche à la laisser un peu en retrait pour ne pas mettre à mal son intégrité musicale. Une fois passé outre cela, la musique d'Amesoeurs nous gagne lentement et l'album contient son lot de « tubes »: Gas in veins, Les ruches malades, Heurt (ma préférée), Recueillement, Faux semblants, Video girl ou encore La reine trayeuse sont autant de preuves de la qualité de composition du groupe. Je parlais de mélange de style : Faux semblants et Amesoeurs par exemple dévoilent fièrement des mélodies à la The Cure, I XIII V XIX XV V XXI XVIII XIX - IX XIX - IV V I IV et son piano hanté s'apprêterait parfaitement en bande-son des photographies de Sarah Moon, tandis que Trouble (éveils infâmes), le titre le plus agressif de l'album, s'exhale dans un riff très heavy. Alors voilà, Amesoeurs est un album cohérent mais le goût un peu trop délicat du chant et des passages mélodiques risque de rester en travers de la gorge de certains aficionados du black-métal et d'un autre côté, il risque fort peu de se propager outre les sphères des fans des styles pratiqués ici. En tout cas, je l'avoue impunément, Amesoeurs est une bouffée d'air frais, de l'amour dans ce monde de brutes.

Daïtro - Y



Parfois, on a envie de tout remettre en question : ce que l'on aime, ce qui nous inspire, ce qui nous influence. On ne sait plus trop pourquoi on suit certaines idées ou que l'on fait certains choix. Parfois en revanche, il suffit d'ouvrir un livre, regarder un film ou avoir une discussion avec quelqu'un et tout redevient si évident. Depuis plusieurs semaines, c'est cet album de Daïtro qui tourne en boucle sur ma sono et qui me rappelle chaque jour quel sens donner à ce qui m'entoure et à ma place dans cet environnement. Je divague ? Ça ne vous parle pas ? Bref... Pourtant, les premières impressions n'étaient pas des plus gratifiantes : « Il est sympa ce nouveau Daïtro, il est plus calme que Laissez vivre les squelettes, mais rien d'exceptionnel. » Puis comme tout bon disque, les écoutes consécutives ont raison de vous. Alors voilà, Y est un sacré album et je compte bien m'attarder dessus en détail. Y s'articule autour des paroles formant un texte uniforme. Y est partagé en dix parties, dix chansons qui n'ont pas de nom. L'artwork se construit sur le propos de Part IX « Au-delà de ses deux collines et de ses deux fleuves... » : la ville de Lyon. Le guitariste et le bassiste nous ont déjà fait le coup pour les Singles series de leur projet parallèle 12XU, mais ici en plus concret et pertinent. Alors Y pour la seconde lettre de Lyon, ou plutôt pour la forme de ses deux fleuves qui se rejoignent (j'aurais tourné la pochette plusieurs fois dans tous les sens pour penser à ça). Part I et Part II s'ouvrent sur le Daïtro tel qu'on le connaît. Une dynamique de l'urgence, des montées mélodiques et le phrasé particulier d'Aurélien qui s'instaure dans les passages d'accalmie. Daïtro va ici à l'essentiel : aucune chanson ne dépasse les cinq minutes, alors qu'auparavant le groupe n'hésitait pas à lorgner avec la dizaine de minutes sur certains titres. Les paroles prennent une place colossale, chargées de bon-sens et d'émotion. Nouveauté, Part III fait part belle au chant clair de Julien. L'envie peut-être de développer ce côté mélodique depuis l'expérience de ce dernier derrière le micro dans 12XU. Part IV ou la grosse claque. Les spoken-words s'élevent en hymne : « Nous les bien faiseurs, nous les bien pensants, nous les prétendus hors normes qui jouons les durs, nous les colériques, nous les cyniques, n'aurait-on rien égaré en route ? ». Part V, interlude en guise d'intro pour Part VI. Part VI qui prend le temps de se construire, une batterie minimaliste, quatre accords de guitare qui se greffent et s'imposent puis les paroles qui prennent le dessus : « Qu'est-ce qu'on tire de nos valeurs quand on leur préfère la théorie ? Et surtout à quel prix ? ». Part VII et son intro « heavy-hardcore ». Nouvelle interlude, Part VIII qui fait le lien avec l'énorme Part IX. Là encore des paroles à scander : « Au delà de ses deux collines, au delà de ses deux fleuves, de ses pubs plein les trottoirs, de ses vitrines, de ses comptoirs ». Et pour finir Part X, les propos parlent d'eux-mêmes : « Il y a simplement l'envie de ne pas regarder tout se taire et mourir à petit feu. Simplement l'envie de ne pas tout voir se transformer en vitrine ». Il est 18 heures. Je déambule en vélo dans les rues encombrées, le regard cynique sur tous ces êtres qui restent bloqués dans leur véhicule. Retour au foyer après une énième journée de travail, pour seul cri d'existence la main sur le klaxon. Et dans ma tête: « Le constat est sévère quand il n'y a plus de colère mais de la suffisance, quand il n'y a plus de débat mais de la satisfaction, de l'agressions pour communication, des réponses pour question ».
Putain d'album.
Putain de groupe.

V/A - Dark 80s



Je ne sais pas à quoi ça vous fait penser vous les années 80, mais dans ma tête c'est pas très glorieux. Puis le revival post-punk à toutes les sauces, j'en ai un peu ma claque. Mais quand on connaît l'activité du label Atropine, on se doute bien qu'il n'y aura pas ici d'effluve de mauvais goût. Allez, on se jette dans le vif du sujet. C'est One Second Riot qui débute avec One hundred years de The Cure... Alors là, les doigts dans le nez ! La reprise est fidèle à la version originelle, le titre new wave passé dans le filtre noise/indus du duo lyonnais ressort comme neuf. A part la ligne de batterie qui change, on pourrait dire qu'ils ne se sont pas foulés les deux, sauf que tout ici paraît évident. Les ambiances sombres et industrielles plombent les arrangements de la version originale, la batterie rajoute une sacrée dynamique, la transposition guitare-basse passe le plus naturellement possible et la voix de Pierre est troublante de ressemblance avec celle de Robert Smith. Tout cela sans perdre leur propre identité. Résultat ? Trop bon ! Deuxième titre et deuxième reprise de The Cure, cette fois par Abronzius, projet dark-pop de deux membres échappés des Lyonnais d'Overmars. Exit l'ambiance kitsch de la première version de Charlotte sometimes. On vire la batterie dégueu' et cette affreuse réverb sur la caisse claire. Une guitare cristalline, un chant envoûtant exécuté par Marion (bassiste dans Overmars) et des percussions et nappes sombres dans le fond, ou comment créer un petit bijou à partir d'une originale maussade. Un peu de fébrilité sur certaines fins de phrases, juste touchant ! On en finit avec The Cure, dépaysement total avec Kill The Thrill et leur reprise de The pandys are coming de Killing Joke. Je n'apprécie pas tout du groupe de Jaz Coleman, et celle-ci n'entre pas dans la catégorie favorable. L'interprétation de Kill The Thrill, avec chant là encore féminin de Marylin la bassiste, est très proche de l'originale. De cause en conséquence, je n'accroche pas spécialement. Mais pour être objectif, tout est très bien orchestré et à l'instar de One Second Riot, c'est une remise à jour efficace du titre que le groupe effectue là. Dernier morceau, les Year Of No Light s'attaquent au Disorder de Joy Division. Le thème de la chanson est extrêmement ralenti, logique lorsque l'on est une formation qui se complait dans un post-hardcore pesant. La guitare maladive se noie dans ce vacarme épais et le chant est encore plus dépressif que celui de Ian Curtis. On sent d'ailleurs le désir du chanteur de se calquer sur la voix de celui-ci : mêmes intonations, mêmes effets, puis il n'est pas courant d'entendre du chant clair dans Year Of No Light. Une bonne surprise en tout cas que cette compilation, qui va du sympathique (Kill The Thrill) au quasi-incontournable (Abronzius).

Geneva - Sail on suds


De l'eau a coulé depuis leur premier e.p. en 2005, le trio soutient toujours un post-hardcore dense, mais délaisse quelque peu la fureur pour une sensibilité plus mature. Alors, ce Sail on suds a beau ne pas être l'album le plus original qu'il nous ait été donner d'entendre, on ne peut cracher sur la classe incarnée par ces huit nouvelles chansons. Le son est clair et profond, l'album est mixé par Serge Morattel (Knut, Tantrum, Amanda Woodward) et la composition est impeccable. Du post-hardcore teinté de noise et d'un rock tendu, tel un hommage à nombre de leurs influences qui ne sont pas cachées mais remarquablement assimilées. Pour exemples, Envy sur And dust my sugar from the fold et son intro de guitare, Mastodon dans l'intonation de la voix et dans la massivité du riff sur All in all et l'ombre d'Isis encore fortement présente sur la globalité de l'album. Deux « guests » viennent prêter main forte. Reno Brustleim d'H-Burns sur On my own avec sa voix grave, posée, nous emmène vers des orées plus bluesy. Que dire ? Rien. C'est beau. On s'allonge sur le dos, la musique à fond dans le casque et les yeux rivés vers le ciel pour savourer pleinement tous ces détails dans les arrangements. Je ne vous ferais pas le coup de la musique qui transporte, mais c'est pourtant à cela que je pense. Sur Opposite/attract 1, Pierre Viguier de Tantrum, impose sa voix grésillante. Impossible de ne pas penser à Neurosis avec cette pesanteur tout aussi touchante que la retenue de la chanson précédente. Le reste de l'album est tout aussi poignant, les arpèges pourtant simples et la rythmique rock'n'roll de Drivin' across the sky ou les ruptures de rythme de Echoes Wine. Trendkill ne s'y est pas trompé, Geneva regorge d'une capacité implacable à concocter des compos saisissantes. Sail on suds devrait élever le trio au rend des plus grands de la scène post-hardcore hexagonale.

Inys - Noir sur blanc, à titre posthume

 

Il est toujours délicat de chroniquer l'album d'un groupe de potes. Vous serez juges de mon objectivité.   Je m'attarde sur l'objet d'abord : belle pochette réalisée à l'atelier de sérigraphie du 102 (rue d'Alembert/ Grenoble) et livret à l'intérieur dans lequel on retrouve, outre les paroles, des photos et réflexions des membres du groupe et de personnes ayant collaboré au projet. A noter la participation de l'association Taenia Solium, responsable (pour ceux qui ne le savaient pas encore) de plusieurs compilations gratuites et d'un fanzine (le Nanozine). Tout dans cet album découle donc de cette même logique anti-commerciale. J'en viens donc à la musique. Je mets plusieurs longues écoutes avant d'apprécier ces trois titres, non pas que le post-hardcore lourd et sombre de Inys ait du mal à passer à travers mes oreilles, mais faute à un son que je juge franchement moyen. Je fais peut-être le difficile mais je ne vais pas vous mentir, un son déplaisant a tendance à me faire froncer les sourcils et lancer le disque dans un coin pour ne plus revenir dessus ; et ici, la batterie est horriblement mixée et le tout manque cruellement de profondeur. Si je tiens à le préciser, c'est que ces trois titres méritent mieux, car les qualités de composition sont bien présentes. L'ombre et le reflet pose les bases de l'identité de Inys : une structure qui s'étire, un malaise craché désespérément à travers un chant écorché tour à tour dérangeant et touchant. Si j'étais fainéant, je comparerais le style pratiqué à Isis et Cult Of Luna et si j'étais plus pertinent, je déduirais des influences plus proches de Amen-Ra. A travers la lourdeur de ces riffs acharnés viennent s'incruster ci et là quelques arrangements électros :  le piano et les ambiances tribales sur L'ombre et le reflet, des éléments indus faisant écho aux Lyonnais d'Overmars sur Emboîte le pas et des violons pour La fissure du trône. On sent que ces trois chansons sont indéniablement les trois dernières batailles qu'ils mèneront (ont menés) pour vider toute leur colère. Sans réinventer quoi que ce soit, ces trois titres d'Inys transpirent de sincérité, et par les temps qui courent, c'est déjà un grand gage de qualité.

HKY - HKY


Il y a quelque chose de bien avec les cassettes, c'est le prix (attractif). Dans le cas de cette cassette-ci, l'autre particularité intéressante est qu'elle a grave la classe, cette cassette. Enfin non, elle n'a pas grave la classe, c'est juste que l'objet en lui-même propose quelque chose d'un peu différent (l'emballage sous cellophane). Il m'aura suffit de peu (un bout de plastique) pour être atteint de cette envie subite typique de notre société moderne:le besoin soudain et insatiable de consommer: "HKY? C'est quoi ça? Du black metal? Du post-hardcore? Du doom? Peu importe, elle est trop belle cette cassette, je la veux!" Limitée à 200 exemplaires avec le choix entre une version claire et une version noire (couleur du cellophane et de l'auto-collant) et composée de deux titres par face. Alors HKY sur papier, c'est du post-hardcore bien plus froid et sombre que la moyenne, aidé en partie par des synthés glacials et des nappes de chant vaporeuses. Je ne passerai pas par quatre chemins, si musicalement il y a une chose qui m'interpelle dans cet album c'est avant tout le titre Curve and abundance, les trois autres n'ont rien d'exceptionnel pour un style que je n'apprécie pas outre mesure. Ce fameux Curve and abundance mêle ambiances malsaines qui se font parfois dronesque et surtout un putain de riff heavy à souhait, leitmotiv du titre, le faisant existé entièrement autour de lui (il y a l'avant-riff, le riff, le temps de se remettre du riff, puis second avant-riff, puis répétition du fameux riff,...). Allez donc m'écouter ça et vous m'en donnerez des nouvelles.

Adorno - Said and unsaid



Je ne sais pas, il y a un moment que je vois cette pochette un peu partout, interpellant ma sensibilité oculaire (leur split avec Eric Ayotte est également tout mignon) mais malheureusement le seul retour que j'avais eu sur ce groupe portugais était plutôt négatif (un chant emo aigu insupportable). Bien bon m'a pris que de passer outre cette source finalement peu fiable (la même qui avait décrété que Daughters c'était chiant...). Alors en effet, le chant sur-aigu peut refouler mais pour quelqu'un qui adore Rumble In Rhodos, le chant dans Adorno ne paraît pas si étrange que cela. Quatre titres pour ce ep, et quatre putains de titres (un jour je réussirai à supprimer le mot "putain" de mon language pour parler de quelque chose que j'aime). L'emo de Adorno est somme toute assez banal, et j'aurais vraiment très envie de les comparer à Rumble In Rhodos justement, pas uniquement pour le chant donc mais également pour cette urgence rock'n'roll et ces riffs ultra-mélodiques mais jamais mielleux qui parcourent ce 7". Je commence par le moins bon (la relativité est ici de circonstance): Uncharted maps qui est un bon titre d'emo punk-rock mais on en reste là. Said and unsaid et son pont à la JR Ewing avec choeurs a déjà quelque chose de plus. One thirty six, le titre d'ouverture a grave la classe, ça transpire, c'est sincère et c'est très loin de l'insipidité que l'on m'avait rapporté. Et enfin je finis sur cet Untitled qui est (je pèse mes mots) parfait! La batterie débute seule, rejoint ensuite par une basse avec disto et des arpèges pour les deux guitares qui se complètent, ligne de chant mélo mélo mélo mais c'est trop bon, puis choeurs...tout y est. Si vous non plus vous n'arrivez à débarrasser votre esprit de cette satanée chanson, je veux bien que vous me laissiez un commentaire, que je me sente moins seul!

Tubers - Anachronous



Tubers nous vient de Floride. Tubers est maintenant composé de quatre musiciens car un quatrième membre (Matt de Asshole Parade) les a rejoint pour jouer de la guitare et chanter. Pour situer un peu, il y a également des membres de Twelve Hour Turn dans Tubers. La musique de Tubers se situe quelque part en Fugazi et Drive Like Jehu et vous trouverez Tubers en France chez Echo Canyon, le label de Gwen et Julien (12XU, Bâton Rouge et ex-Daïtro), lesquels ont rencontré Tubers sur quelques dates de la tournée américaine de 12XU. Voilà pour ce qui est de la petite histoire. Anachronous est donc le quatrième album des ricains (après deux LP et un split avec Brainworms) et à y réfléchir aujourd'hui, je remercie Echo Canyon de les avoir rammener dans ses bagages, non que Tubers soit simplement un bon groupe dans la veine des groupes pré-cités, mais ce groupe là, et cet album là a quelque chose de grand. Bien sûr, on retrouve dans l'emo punk-rock de Tubers tout ce qui fait le charme du style, mais le quartet a également un grand talent pour composer d'excellentes chansons. Anachronous est un condensé de titres qui donnent le sourire, on aurait envie de les voir jouer dans son salon devant trois personnes et scander les paroles à en perdre la raison. Arf, je pourrai vous parler de chaque chanson, mais d'une j'ai la flemme d'en écrire plus et de deux j'ai vraiment du mal à retranscrire mes émotions par des mots en ce moment. Allez écouter en priorité High tide it's inside, Coconut thunder, In the snow, le vraiment Fugazien Small signs big posts, These quantums leaps are killing me, Pale sunbather et ce putain d'Anachronous qui clotûre l'album; c'est tout ce que je peux rajouter.

lundi 6 décembre 2010

Reveille - Time and death



Derrière cette magnifique pochette, qui ne peut prévoir que le meilleur, se dissimule un duo lyonnais qui possède tout ce qu'il faudrait pour devenir un grand groupe. François Virot et Lisa Duroux nous offrent 40 minutes de noisy pop en forme de premier album. Time and death, ça débute avec une célébration intimiste. Il fait résonner ses cordes, il les caresse et il les tape, il délimite un espace (une petite pièce bien entendu) ; et l'on se retrouve tel un enfant devant un carrousel, les yeux ébahis et la boule au ventre. Elle donne le rythme et la machine se met en route. Le tour commence. On pourrait être éclairés à la bougie. Il pourrait y avoir du papier peint mité mais dont on apercevrait toujours le motif à fleurs. Des vieux portraits pourraient être accrochés sur les murs. Si mademoiselle nous est inconnue, monsieur l'est beaucoup moins puisque officiant dans Clara Clara et également responsable d'un album folk en solo. Reveille c'est autre chose. Des accents pop bien sûr, mais c'est autre chose. Des accents noisy mais pas de la manière fo-folle de chez Clara Clara, un indie-rock tout en retenue. Ici, ça transpire souvent les années 90. On pense par exemple à Shellac sur Mirrors ou à Fugazi sur Commercial drugs. Time and death est un véritable petit tube noisy, Little violences est un de ces titres qui vous envoie la tête dans les nuages, dream pop dénudée et touchante. Et chaque titre y va de son petit chemin, comme si de rien n'était : «Coucou, je suis la chanson suivante ! Et tu ne t'attendais à cette petite ligne qui te fait frémir ou à cette cadence qui te fait taper du pied, n'est-ce pas ?!» En effet, on ne s'y attendait pas du tout, à tomber comme ça, sur un groupe qui d'un coup de baguette magique te ponds un album aussi charmeur, qui en ferait rougir plus d'un tout en restant si modeste.

Clara Clara - Comfortable problems


Au sein de Clara Clara, François (Reveille, François Virot) joue de la batterie, son frère Charles (Nosnow) endosse la basse et Amélie s'exalte sur un clavier. Lutte des classes pour la pochette et noise-pop fiévreuse pour ce qui est de la musique. Revenons brièvement sur la petite histoire de ce trio. Clara Clara se forme en 2004 à Dijon, autour des deux frères Charles et François Virot. Amélie Lambert s'incorpore dans ce binôme familial. Les trois débutent alors un trio batterie/basse/flûte qui deviendra batterie/basse avec overdrive et octaver/clavier. Lyonnais d'adoption, le groupe Clara Clara a sorti depuis son début une démo puis trois albums. Un petit bout de chemin a encore été parcouru après la sortie de l'album AA en 2008. Il est évident qu'avec ce quatrième album, Clara Clara passe au niveau supérieur. François, fort de son expérience en solo et de ses débuts avec Reveille, a entre temps pris de l'assurance au chant, et c'est donc tout naturellement que sa voix se retrouve au centre de Comfortable problems. Tout ce que l'on appréciait dans leurs précédents efforts est toujours présent, mais tout se présente ici sous son meilleur jour. La production n'est clairement pas étrangère à ce constat : l'ensemble sonne ultra-fluide, le son est clair et si chaque instrument est bien à sa place, c'est pour mieux se mêler et s'emmêler avec les autres. Bref, ce qui pouvait faire un peu défaut sur leurs précédents opus devient ici une force, et force est de constater que Comfortable problems est un putain d'album! Peut-être que la présence du chant de François est également en grande partie responsable. Le groupe se canalise, se focalise sur le meilleur et met de côté tout ce qui n'est pas indispensable, les titres prennent alors vraiment la forme de chansons (à comprendre dans le sens concis et efficace). Une basse noisy, un clavier frénétique, un chant et des chœurs empoignants, un de ces albums dont on ne peut décrocher dés lors que l'on a laissé traîner une oreille dessus. De montées épiques en mélodies faussement naïves à la Deerhoof, rythmes saccadés et enjoués, de la musique de Clara Clara émane une réjouissance incommensurable, une joie permanente. Les exemples les plus fameux sont sûrement Paper crowns, One on one et son « you've absolutely nothing to worry », ou Lovers, mais l'album entier se dévore avec de plus en plus d'appétit à chaque écoute.


Mensch - Dance and die


Tout nouveau groupe né en ce début d'année, Mensch est un duo composé de Vale Poher et Carine Di Vita, et résulte de l'envie de monter un nouveau projet après deux années de collaboration au sein du Vale Poher Group. Pour les non-germanophones, Mensch signifie Homme (dans le sens d'être-humain). Traduction révélatrice d'une langue française intrinsèquement machiste. On connaissait Men composé d'ex-Le Tigre, voici Mensch qui ne nous vient ni de l'autre côté de l'Atlantique, ni de l'autre côté du Rhin, mais de la ville confluente de la Saône et du Rhône. Situons donc les deux protagonistes de ce projet : Vale Poher a déjà produit deux albums et deux EP avec son projet solo. C'est en 2008 qu'elle monte le Vale Poher Group et rencontre accessoirement la bassiste Carine Di Vita, son actuelle collaboratrice dans Mensch. Carine est donc derrière la basse et Vale derrière la guitare. Toutes deux se partagent le micro, une boîte à rythmes venant compléter la formation. Island débute avec un indie-rock accompagné de voix énergiques. On jette un œil au titre de l'album et on se dit que ça va partir, mais il n'en ait rien. Au lieu de cela, Mensch s'envole là où l'on ne s'y attends pas, se pose rapidement et nous laisse savourer sa pop suave qui prends le temps de nous imprégner. La paire guitare/basse, sensible, possède des similarités avec celle par exemple d'un groupe comme Pinback. Mistery train (of life) en revanche, illustre mieux le propos du titre de l'album. Electro post-punk avec clavier droit devant, refrain accrocheur saupoudré de chœurs. Mensch se targue ensuite d'une reprise de The Smiths. La version de Mensch n'a plus rien à voir avec la version originale, le duo transforme This charming man en un titre aérien, remise à jour charmante et personnelle. On finit avec un remix de Mistery train, qui se laisse écouter, quoique à la limite de la version dance-floor putassière, clôturant ainsi le premier ep du groupe. On regrettera simplement la modestie de l'objet, seulement quatre titres dont une reprise et un remix.

Marylin Rambo - Skiez plus vite


Je pourrais peut-être commencer en précisant que Marilyn Rambo est formé de deux membres de Parpaing. Outre la simple référence dans le dernier titre de ce premier album, le lien entre les deux groupes est bien présent. Je ne saurais qualifier cette ressemblance, rapprocher les deux groupes sur le plan musical, car les deux entités sont bien délimités et la seule facilité serait d'énumérer ce qui les sépare. Mais à l'écoute de cet album, un infime fil conducteur nous ramène à Parpaing. Une histoire de sensibilité sûrement. Plus concrètement, on notera une certaine promiscuité avec un autre duo français : Grand Prédateur. Même si ce dernier lorgne largement plus vers le métal à tendance « on fait la musique la plus violente et la plus dingue à la fois » et que Marilyn Rambo n'en est pas là, on retrouve clairement une envie commune de composer une musique que l'on pourrait voir comme un métal hybride, suite à de nombreux croisements avec, dans le cas de Marilyn Rambo, de la noise et ce que l'on nomme d'après le terme déjà insupportable de math-rock. Don Caballero de Punkgasm n'est jamais très loin. Ce qu'il y a de drôle (si j'ose ce terme) avec Marilyn Rambo, c'est que tout comme pour Parpaing, l'ensemble se laisse écouter mais ne se fait réellement passionnant que sur de rares passages bien localisés, nommés ici Marilyn Makay is not dead et Taupe in Hamburg.

Blackthread - Blackthread


On connaissait Pierre de One Second Riot, on repart donc sur des bases acquises pour introduire Blackthread avant de pouvoir tourner définitivement la page. Si l'on regrette fortement la mort prématurée du duo lyonnais, on ne peut que se réjouir de ce nouveau projet de Pierre, ex-bassiste/chanteur du groupe pré-cité. Si l'on doit faire l'analogie entre les deux projets, on peut voir dans Brautigan du duo noise les prémisses de Blackthread. On retrouve ces mêmes spoken-words et l'importance faite à l'ambiant. En solitaire, Blackthread tend vers l'épuration, des armatures légères sur lesquelles se construit un univers fragile, poétique. Falling for Keith guide l'auditeur à travers ces nouveaux paysages, la basse qui est encore là pour fil rouge, trois notes lancinantes qui nous mènent avant de nous perdre. Blackthread s'élabore sur peu de choses : des boucles qui se superposent lentement puis la littéralité des spoken-words qui parfois s'envolent en mélodies planantes (Will it happen again ?). Pierre s'approprie très justement le moindre sample comme l'air de jazz sur le très réussi Dancing with Dave. Chaque titre est un poème récité, flagrant sur Lily ou Threadless sisters (pour ma part, c'est les Identical twins de Diane Arbus qui me hante l'esprit pour ce titre). Le paysage qui l'accompagne est parfois angoissant, parfois sinistre, parfois apaisant. La mélodie naît dans un phrasé, une accentuation, un détail, une répétition. Blackthread se dégage de toute influence notable, il n'est d'ailleurs sûrement pas sans raison qu'il cite volontiers des artistes, peintres, photographes ou écrivains pour références. Néanmoins, certaines chansons nous replongent dans des états émotifs éprouvés à l'écoute d'autres formations ; Joy Division pour On the road ou le Nine Inch Nails de Right where it belongs sur My dear friend. On ne pourra pas vraiment mettre en lien le climat qui se dégage de ces huit titres avec l'illustration pourtant très jolie d'Amandine Urruty qui figure sur la pochette, puisque le monde de Blackthread est loin d'être enfantin ou naïf. Le monde que Blackthread peint se trouve justement à l'opposé, un monde adulte grave qui effraie et qui fascine à la fois. Blackthread est propice à l'évasion, à l'introspection, à la contemplation. Tout y est affaire de projection, de ressenti.