Sur des préjugés (fondés ou non), on peut parfois éviter certaines formations parce que leur patronyme ne nous évoque pas grand chose, parce que leur concept nous semble fumeux, un brin prétentieux et leur univers visuel tellement « arty farzy ». Puis on remarque des critiques élogieuses, mais pas de celles qui lèchent simplement les fesses, de celles qui vous donnent vraiment envie d'aller voir ce qui s'y passe de plus près. Rajoutez à cela des références de goût certain (Tortoise, Liars, Oneida, Can et j'en passe) et là on se dit que l'on est peut-être passé à côté de quelque chose. Voilà, je crois donc que je découvre Rien avec beaucoup de retard. Les habitués de Rien sauront qu'il est difficile de décrire de façon pertinente la musique du groupe avec des termes musicaux, ainsi donc je tenterai de l'éviter le plus possible. L'univers des Grenoblois à toujours été plutôt cinématographique, comme l'avouait explicitement le générique de fin de Il ne peut y avoir de prédiction sans avenir. Pour ce nouvel album, A jerk in da hell débute comme un nanar de SF/fantastique : forêt embrumée, faisceaux lumineux traversant les arbres et rite amérindien psychédélique ; mise en bouche pour The sun is always right. Ce deuxième chapitre nous éjecte alors, direction l'hyperespace, bande-son krautrock avec solos zappaesques hallucinés. Une longue dérive la tête dans les étoiles. Masterkraft signe le retour sur terre, désert tribal, danse (cette fois-ci encore) amérindienne, mais plus enjouée, le ton et cette fois-ci à la célébration des éléments ; mon passage préféré. On applaudit mais ce n'est pas fini : on repart pour un tour parce que l'on ne veut pas voir la fin arriver. L'épopée se termine avec V qui est une toute autre histoire. Des photos entre les mains, mémoire d'un autre temps. Un soleil doux qui nous réchauffe la peau, l'herbe fraîche entre les orteils. Souvenirs, sérénité, sourire. Rien n'est pas une de ces formations que l'on range facilement dans une catégorie, qui s'imprègne des ingrédients d'un style et qui les ressort tel un bon élève. Rien, ce n'est pas non plus un mélange de recettes qui aurait perdu sa spontanéité dans sa quête d'originalité. Rien, c'est un panel de décors, d'émotions, une adéquation de naturel, de franchise et de talent.
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