vendredi 30 novembre 2012

V/A - Sous sol



Une compilation regroupant une bonne partie de la "scène punk/DIY" de Grenoble est sortie en octobre, pour l'occasion du "festival des groupes du local de répé du 102" qui avait donc lieu au 102. 19 titres pour la version cassette et 20 pour la version CD et tout autant de groupes. Que dire que dire, lorsque l'on a soit même participé au projet? Je crois que je vais rester formel, au risque de me contenter de constater l'existence de cette compile... Alors, au programme donc, majoritairement du punk (Gethen, Chicken's Call, Let Me Die Alone, Contre Nature), sans guitare mais avec synthé (Taulard), avec un goût pour la cold wave (Alarm) ou pour l'electro (Petraschelm), plus ou moins crustouille (Plaine Crasse, Death Reign) ou tendant vers l'emo: un peu (La Crève) ou carrément (Les Objets Meurent). Le reste est assez éclectique, on retrouve le rap de L'oiseau Mort, un projet solo electro (VHS) et un autre noise (Richarles Bronson), du folk ricain (Mr Martin) et de la chanson acoustique (Flo Mekouyansky), du surf (Les Profs de Skids, Bojie Moi Orchestra), du post-hardcore/metal (Neiron) et du noise rock/punk sans guitare mais avec violon (Ze Revengers). Bon, mais quand même, il y a bien le titre "Fuir" de Taulard que j'aime particulièrement, puis la classe des Revengers, Les Objets Meurent que l'on savoure nostalgiquement et enfin La Crève, mais là c'est un peu tricher.

mercredi 21 novembre 2012

Aluk Todolo - Occult Rock


Il faudra se charger d'une bonne dose de courage pour partir à l'assaut des 85 minutes de Occult Rock. Pas de repères, rien que des numéros de piste. La première, d'ailleurs, est une épreuve. Les récalcitrants abandonneront d'emblée, mais ceux que les quelques huit minutes d'un blast bloqué sur un seul accord n'aura pas fait capituler seront vaccinés au mal Aluk Todolo. Ils en apprécieront même d'autant plus la saveur. Black metal, noise, krautrock. Là encore ce n'est que question de repères. Des balises pour réussir l'acension du Mont Aluk Todolo. Le trio a toujours eu cette obstination de la répétition éternelle, quelque chose de cyclique mais condamné à une seule saison: froide et humide. Si leur rock est occulte, c'est en cela: Aluk Todolo parcourt un territoire, celui de la quête vers une transe chamanique. Alors, puisqu'il est du propre de notre époque de toujours s'arrêter à la projection des idées, on s'imaginerait bien perdre nos moyens sur cet album, amplifié à l'excès, jusqu'à ce que le corps en souffre et que la raison foute le camp. Et puis cette montagne, menaçante, rappellant celle de la scène d'ouverture de Aguirre de Herzog, s'élevant de la même brume: là encore, la folie. A la fois minimaliste et épais, Occult Rock sonne comme s'il cherchait à recréer la nature, à l'aide de ce qu'il a entre les mains, des outils industriels. C'est le vent que l'on entend chez Aluk Todolo, le bois qui craque, la roche qui cède, la pluie qui ravine et la terre qui gronde.

mercredi 19 septembre 2012

Monstre! - Monstre! vs Burp Reynolds


Mes hanches se souviennent très bien de Inside Living Animals, le premier album de Monstre! sorti l'année dernière. Ce n'est pas tous les jours que l'on écoute, mes hanches et moi, un groupe qui donne autant la bougeotte. Pour un groupe de rock j'entends. Ben ouais, Monstre! c'est exactement ça, quatre garçons dans la bise, les qualités photogéniques des Beach Boys en moins, d'où les restructurations faciales sur leur premier album. Le nouveau directeur artistique du groupe trouvait cette pochette vraiment trop effrayante, alors cette fois on a opté pour une jolie petite illustration, une photo de famille de la bande, il faut bien que tout le monde s'y retrouve. Monstre! vs Burp Reynolds s'est vêtu d'une nouvelle couleur: si l'on retrouve bien tout ce que l'on avait pu entendre chez Monstre!, ce nouvel album prends les choses sous un nouvel angle. Nouvelle teinte, comme si les influences avaient changées de décennie. Encore plus funky, avec une basse qui mène souvent le jeu, énorme sur Burp Reynolds! Le clin d'oeil cinématographique n'est pas juste histoire de confirmer que chez Monstre! on s'amuse grave, il y a bien ci et là des décors qui viennent repeuplé notre imaginaire, ceux de l'insouciance d'une série américaine 70s ou 80s. Peut-être un peu moins noisy aussi, plus propre, mais parallèlement un air exotique que l'on retrouve actuellement dans cette fameuse scène indie/math/noise/expé française (Papier Tigre, Electric Electric,...) même si bien entendu, l'intention de Monstre! est à mille lieux de cela. Cinq titres et ses couplets entêtants, ses refrains exaltés. Toujours ce groove, cette voix légèrement droguée à la réverb', à la fois innocente et débridée, et ce sens aigu pour la mélodie efficace. Cinq titres et trois remixes. A ce train là, on espère juste que le sixième album de Monstre! ne sera pas un unique titre garni de sept remixes. Je laisse pointer une certaine réticence, mais je dois bien confesser que la version de Burp Reynolds apporte un grand intérêt avec ses chants syncopés. Pour ce qui est de Mean & wild en revanche, non, vraiment! Ce n'est pas que je n'apprécie point la trance et les boîtes de nuit mais... (hmmm, si, en fait le problème est peut-être bien là)

lundi 27 août 2012

Veuve S.S. - Viscères




Veuve S.S. a la mine grave, une expression sévère pourtant trahie par une lueur goguenarde dans le regard. Un hardcore abrupt, tendance fast et crustouille,  qui se fout de la gueule du monde d'entrée de jeu avec un sillon fermé. Il y a des signes qui ne trompent pas derrière cette pochette de graphiste (ha ces lyonnais!): on n'évitera pas l'esclaffement sur le titre éponyme avec ce beuglement fatigué, maladif et les solos de guitare tout pourris. Mais ça devient intéressant quand le quatuor décide de prendre un peu plus son temps, sur Comme les vers par exemple. La batterie frêle, abandonnée par ses copines de jeu, cette gratte qui boude dans son coin et se réveille soudainement,  en larsens, comme seul langage possible. Idem pour la fin de Crevard, crade dans sa lenteur et venimeuse dans sa faiblardise. Le chant est à l'image des paroles: tout en vomissures. Ca dégouline et finit en salissures sur les godasses. Un mérycisme fâcheux. Chez Veuve S.S. on piétine sa propre souillure, on se vautre volontairement et on finit face contre le sol à régurgiter ses entrailles.

lundi 20 août 2012

Moms On Meth - s/t




Fastcore putride et vindicatif. Du groove et du blast. Le premier ep de Moms On Meth envoie tout ce qu'il a envoyer en moins de sept minutes. On trouverait ce petit 7 pouces plutôt mignon si l'on pardonnait l'artwork au faux-vrai-mauvais-goût-que-l'on-prendrait-au-quatrième-degré-si-il-n'était-pas-déjà-légion-de-tout-prendre-au-quatrième-degré-mais-du-coup-on-ne-sait-plus-ce-qui-n'est-pas-sérieux-vu-qu'il-n'y-a-plus-de-sérieux. A part ça, Moms On Meth tabasse et s'écoute en boucle (la version numérique, sinon il faudra apprendre la patience). La voix d'Elisabeth, sous disto criarde, dégorge de toute sa hargne des paroles à la fois lucides et fun, le genre de trucs qu'on se plaît à brailler dans les concerts en chœur avec les copains/copines. En anglais les paroles, mais c'est plutôt logique lorsque c'est la langue maternelle de la chanteuse. On appréciera particulièrement l'efficacité de History repeats itself, le riff rock'n'roll de 5150 et les paroles de My generation.

jeudi 5 juillet 2012

Les Profs de Skids & Sea Sick Six - Split



Le surf n'est pas un style qui renvoie forcément à des choses bien glorieuses: le sable, le soleil, les filles en bikini, les grosses cylindrées et les planches. Le surf ne renvoie pas forcément à des choses bien glorieuses, sauf quand on prends soin d'évacuer toute cette esthétique bancale pour ne garder que ce qui est réellement fun dans cette histoire: les tremolos sous réverb' et les "poum tchak tchak poum tchak". Le surfer blond et bronzé, lui, il vient de se ramasser une grosse vague sur le coin de la tronche et comme Christopher Steeve, c'est de son fauteuil sur lequel il restera cadenassé jusqu'à la fin de ses jours qu'il va regarder les vagues, une larme à l'oeil. Premier côté: Les Profs de Skids. Tout compte fait, c'était peut-être plutôt une avalanche, la poudreuse plutôt que l'écume pour nous fouetter le visage. Le surf des grenoblois est assez "traditionnel", avec toutefois un penchant affirmé pour les riffs qui groovent et une énergie incontrôlable. Bref, du surf qui pue vraiment le punk-rock. Tout est toujours aussi bien foutu dans les chansons instrumentales du trio. On retrouve quelques titres déjà présents sur une demo ou l'autre, et du second degré jusque dans les titres des chansons, et Fujiyama s'est naturellement transformé en Fukushima. Second côté: les toulousain.e.s de Sea Sick 6. C'est un peu plus chaotique sur cette face: Surf from hell, et le surf de papa on le détruit à coup de synthé démoniaque et de voix plus ou moins criardes mais toujours ironiquement possédées. Des samples apocalyptiques, une guitare dangereuse sous des effluves de réverb': Sea Sick 6 est la B.O. d'une virée sur les ruines de ce monde en perdition. A Toulouse, on n'a pas la plage, mais on a la rage.

lundi 4 juin 2012

Animal Trophies - Malédiction



Animal Trophies paraît bête, naîf, absurde, niais. Du bruit pour adolescents demeurés, des hymnes pour imbéciles juvéniles. Ben oui, c'est tellement printannier et innocent que prêter de l'attention à ce genre de musique, ce serait comme se remettre à boire un grand bol de lait frais tous les matins: impensable! Mais voilà, est arrivé un certain moment où l'on a baissé la garde et on s'est fait plaquer au sol par ces mélodies obsédantes; parce que pour cela, le jeune trio sait fatalement s'y prendre. Malédiction réussit à nous faire oublier pendant un temps que l'on n'a plus 20 ans, et que si on écoute de la musique sérieuse, c'est en fait pour épater les copains/copines. Le double chant masculin/féminin fonctionne à merveille; une petite réverbe, un petit overdrive pour l'effet garage, et puis de la nonchalance, de la douce insolence, sans cesse. Un artwork trop la classe au crayon de couleur, à la hauteur de l'idiotie qui se dégage de ce foutoir. Si vous êtes toujours inconsolable depuis que Jay Reatard a peu forcé sur la drogue, Animal Trophies devrait réussir à fixer dans votre coeur une once de réjouissance, et qui sait, peut-être vous faire rajouter du chocolat Poulain dans le bol de lait.

dimanche 3 juin 2012

Mensch - s/t



Ça y est, Mensch commence à voir les choses en grand! Le ep Dance and Die, un quatre-titres concis, dont on retrouve d'ailleurs ici les titres Mistery Train et Island, avait mis au clair le projet des deux filles en 2010. Aujourd'hui, Mensch se targue d'un premier album éponyme, huit titres où l'on retrouve l'efficacité d'une pop catchy fortement teintée de new-wave et de post-punk. La fulgurance de la musique de Mensch réside toujours dans les mêmes caractères: le duo basse/ guitare se croise, l'une impose une rythmique, l'autre s'abandonne à la mélodie, les rôles s'échangent, on s'embrasse enfin puis on bataille au coude à coude. Derrière, toujours cette même assise, boite à rythmes à première vue austère et pourtant si solide dans l'habileté de ses arrangements. Par dessus, la voix, aérienne, susurrée, ou plus passionnée, singeant parfois quelques références (The Slits sur Evidence). Mensch n'est pas qu'un album de titres incisifs, mais sait également se faire plus suave (Goliath, Sublime). Mistery Train et Island, bien que très similaires aux versions de Dance and Die, gagnent beaucoup en profondeur avec ce nouvel enregistrement. Des morceaux sur lesquels on revient encore et encore, il y en a plusieurs, comme le dangereusement addictif Swim Swim ou le plus original Wild. Il n'y aurait rien d'étonnant à ce que Mensch fasse rapidement des émules et que fleurissent, ci et là, des duos qui invoqueraient, pour le coup, le manque de batteurs pour utiliser une boîte à rythmes; en espérant que le revival eighties garde ce même souffle de fraîcheur cher à Mensch.

dimanche 13 mai 2012

Torticoli - Demo




Je ne sais que très peu de choses de Torticoli, hormis que le groupe est originaire de Lyon et que la formation en live est, au choix, trio ou quatuor (un chanteur occupe cette place vacillante). J'ai cru comprendre qu'il existait ainsi, en quelque sorte, deux Torticoli, le trio plutôt free-noise et le quatuor plus rentre-dedans. Sur cette première demo, c'est le trio que l'on jugera, puisque de la voix, ici, nous n'en entendrons pas le moindre souffle. Deux guitares et une batterie, c'est avec cet arsenal que le groupe explore les frontières les plus bruitistes d'un rock bluesy batailleur. Techniques mais avant tout viscérales, les guitares explosent et débordent de tout part. On se laisse rapidement submerger par la richesse presque agressive du groupe. On n'a pas peur d'accumuler les plans chez Torticoli, mais quand quantité et qualité sont toutes les deux rendez-vous, il n'y a vraiment pas de quoi se gêner. De temps en temps, les riffs se font moins querelleurs, et le vibrato vient s'imposer dans ces interruptions, comme une tirade arrêtée au milieu d'un mot, dont l'auditoire serait accroché aux lèvres, à attendre impatiemment la prochaine syllabe. Du côté du batteur, on est tout aussi inventif, et on aime, comme ses camarades, en mettre de partout. L'enregistrement sonne très live et on ne pourra point leur reprocher un manque d'énergie, et je ne précise pas cela pour mépriser un autre aspect de cet enregistrement, car les trois instruments sont intelligibles à souhait et parfaitement rendus. La prochaine livraison sera peut-être signée par quatre paires de main, on la souhaite dans les deux cas tout autant fiévreuse.

vendredi 11 mai 2012

Owun - Le fantôme de Gustav


Owun est un groupe qui a eu le temps d'en vivre, des aventures (que je tairais mais dont vous trouverez un résumé sur une de leurs pages internet), depuis sa création en 1992. Après deux albums, Sillon et Ostensible?, respectivement en 1998 et 2001, le combo grenoblois se reforme en 2007, accueille un second guitariste et se lance dans la composition de ce qui va devenir Le fantôme de Gustav. Si le Owun de 1998 œuvrait dans un noise rock finalement assez convenu, Ostensible? marquait déjà une volonté d'expérimentations louable, le nouvel Owun quant à lui a placé ses ambitions à un niveau encore supérieur. A la fois hétéroclite mais puissamment homogène, expérimental sans en avoir l'air, Le fantôme de Gustav possède les qualités qui manquent à bon nombre d'autres groupes, attirant par la qualité de ses compositions et passionnant par sa recherche esthétique. On se demande bien comment une simple "formation de rock classique" (guitares, basse, batterie) réussit à sortir de telles sonorités, parfois légères et psychédéliques, et d'autres fois au contraire extrêmement pesantes. Mouvements machinaux, répétitions industrielles; le chant, lui, est toujours noyé derrière, sous d'épaisses couches de réverbe. On pense de temps en temps à un autre groupe grenoblois, Rien (que l'on retrouve d'ailleurs dans les remerciements), notamment dans les morceaux Berceaux et Muralité. Et puis il y a Carbone, qui saute aux oreilles par sa familiarité avec le Liars de l'époque Drums Not Dead, mais surtout par son efficacité imposante. Seul Volux +, qui vient clôturer l'album, fait figure d'outsider et sonne comme une révérence aux premiers amours de Owun. Le successeur de Le fantôme de Gustav (sous-titré "volume premier"), devrait cette fois réussir à mettre moins de dix ans pour nous parvenir; on l'espère sincèrement.

lundi 9 avril 2012

Marylin Rambo - Baleine à nourrir


Une question apparaît en filigrane derrière chaque titre de Baleine à nourrir. Marylin Rambo ne serait-il pas en fait un groupe tribute? Non pas un de ces groupes qui voue un culte à une figure mortuaire du panthéon du rock mais plutôt deux personnes qui se seraient retrouvées autour de leur passion commune pour un certain style et qui, avec pour unique motivation le plaisir le plus brut, auraient décidé de faire du math-rock à la manière de, quitte à ce que l'auditeur n'y entende que des références. Dans ma chronique de Skiez plus vite, le premier album de Marylin Rambo, j'ai à coup sûr du mentionner Don Caballero. Sur Kill All par exemple, on jurerait ouïr parfois du Dub Trio, à moins que ce ne soit plutôt du Keelhaul, connaissant l'aptitude du duo pour les jeux de mots et autres calembours sophistiqués. Je pourrais sortir ainsi des références à foison, mais Marylin Rambo n'est pas qu'un groupe de passionnés pour passionnés. Laissons une chance aux autres de découvrir la joie que peut procurer cet album. Baleine à nourrir est très cohérent et plus abouti que son prédécesseur; le duo cévenol semble avoir trouvé la juste balance entre les clins d'oeil jouissifs, hommages ludiques et une identité distinguée: Rock la poste est un super exemple des qualités imaginatives du groupe. Dans la famille du math-rock français à la Pneu, Papaye ou Room 204, Marylin Rambo serait le penchant métal. On ne lésine pas sur l'octaver (Fukushiblabla) et on construit des riffs heavy à mort (Tomate cerise), de quoi créer des failles spatio-temporelles pour ceux et celles qui adorent jouer de la guitare ou de la batterie dans le vide (ouais, le air machin), la langue coincée entre les dents. Et puis comme d'habitude, une éthique DIY, un album sorti grâce à Taenia Solium, Et mon cul c'est du tofu? et tant d'autres, et une belle pochette sérigraphiée au 103 à Grenoble (version CD et vinyle).

dimanche 18 mars 2012

Kouma - s/t

 
Les trois membres de Kouma font partie de Grolektif (l'un d'eux en est d'ailleurs le fondateur), label et collectif de musiciens à la douce prétention artistique, que je découvre juste. A la manière dont Kouma cherche à se définir (voir le site du label), on pourrait penser que le groupe use de l'humour, qui frôle parfois le potache, pour rendre attrayante une musique trop intellectualisée. Car oui, la musique du trio est complexe et savante. Batterie, guitare baryton et sax baryton composent ce groupe strictement instrumental. Pour ce qui est d'étiqueter leur musique, on rencontrera quelques difficultés, et on s'ennuiera vite, comme toujours en ce qui concerne les groupes qui cherchent à tailler leur propre route. Je me lance quand même: les rythmes syncopés nous ferait pencher vers le math-rock, le vacarme insolent en direction de la noise et le dépassement des cadres vers le free-rock, voir le krautrock. Voilà, cela est convenu, cela ne veut rien dire, mais cela vous donne quand même idée de qui on a à faire, et c'est bien ce que vous souhaitez savoir. Autant le préciser maintenant et être honnête avec vous, le premier adjectif qui me vient avec la musique de Kouma est « désagréable ». L'emploi de cet mot ici n'est nullement attribué à but dépréciatif, mais il est vrai que ces cinq titres sont franchement bruyants et agressifs. Cela ne leur empêche pas d'être de qualité, simplement il faudra s'accrocher pour y retourner. Un batteur-pieuvre et un sax qui se défoule entre solos frénétiques et attaques frontales en couple avec une guitare criarde. Kouma fait mal (à la tête) et c'est sûrement sur scène que l'on profitera pleinement du groupe. En tout cas, si je devais vous conseiller un titre sur ce premier album, je choisirais Frame #2 pour ses attaques épileptiques addictives.

jeudi 23 février 2012

PHYLLISDIETRICHSON - EP 1


Echappés des groupes Joesson et The June Ampera dont on avait pu apprécier les qualités à travers un split réunissant les deux formations, les membres de PHYLLISDIETRICHSON ont concrétisé ce nouveau projet durant l'été 2010. Cet album est leur premier témoignage. Six titres sans noms, tout comme l'album, et une silhouette énigmatique, celle d'un personnage féminin issu d'un film américain des années 40, que le quartet a choisi comme patronyme. Musicalement, cette nouvelle formation vogue quasiment dans les mêmes eaux que les expériences précédentes. Un chant crié monocorde qui ne se permet que de brefs accostages sur d'autres rivages, des scandements et spoken-words en guise de reprise de souffle. Les instruments sont plus friands de variations et changements de cap: screamo pour ce qui est des mers tourmentées, post-hardcore bercé par des courants froids et post-rock dans le creux de la vague. Le dernier titre illustre parfaitement cette troisième catégorie: des notes cristallines auxquelles ne manque que la puissance (faute peut-être à une "prod" pas assez aboutie) pour se faire salvatrices. Les autres titres, plus rentre-dedans, contiennent leur lot de bonnes surprises, notamment ce riff tranchant et lourd qui officie au beau milieu de la cinquième chanson. On établira aisément des affinités musicales, lorgnant vers Refused ou Envy, et pour ce qui est des influences françaises, de Daïtro à Feverish.

lundi 6 février 2012

Tobaïas - s/t


Après une première demo 6 titres en 2009, Tobaïas sort un bien bel objet. Un sept pouces avec pochette sérigraphiée et quatre nouveaux titres d'un emo/screamo à la française comme on l'aime. Des textes sombres, maladifs mais jamais résignés, portés par un chant et des choeurs criés/scandés. Le butin est plutôt maigre, Tobaïas nous offre seulement quatre nouveaux titres (très courts) après deux années d'attente. Des titres qui n'atteignent jamais les deux minutes, témoignant de l'urgence punk qui transporte le groupe. On regrette un peu que la prod' ne porte pas plus la musique du quatuor, toujours insufflée de cette même passion. La batterie, pleine de vigueur, n'offre que rarement des accalmies, mais le mot "énergie" est loin d'être un antonyme de "mélodie" dans le vocabulaire de Tobaïas. Drapeau blanc, la seconde partie de Une décennie et surtout Les bons mots sont particulièrement réussis. Tels les défenseurs d'une scène qui peut parfois sembler à l'agonie, Tobaïas tient fièrement le flambeau de ce "french emo" dont les figures imminentes (Amanda Woodward, Daîtro,...) nous ont laissés orphelins, avec toujours cette même rage au ventre. Un ep soigné, modeste mais incisif.

jeudi 5 janvier 2012

12XU - Les grandes marées


J'en aurai mis du temps pour l'apprécier cet album. La dernière fois que j'ai vu 12XU en live, j'ai été déçu, les nouveaux titres m'avaient semblé linéaires; et transpirait cette impression du groupe qui a trouvé sa voie et qui s'en contente, sans aucune surprise ni appel d'air frais. Peut-être que ça sentait tout simplement la fin de tournée. Il m'aura fallu un paquet d'écoutes avant de me dire que tout même, ce premier effort à format long n'est pas si mal. La première écoute, attentive, n'avait pas été bien longue, l'ennui l'avait coupé net. Les suivantes, sans intention ni attente, et détachées, ont finalement bercé plusieurs heures et les mélodies se sont imposées. Quelque chose a un peu changé chez 12XU, la musique du trio se fait moins urgente. 12XU sonne un peu plus folk dans les accords de guitare, un petit côté Neil Young. Les grandes marées est une compilation de chansons toujours aussi classieuses, pour exemples Des rues mouillées, le titre éponyme, Prison dorée, Transparent, et surtout Faut pas mentir aux jeunes. Tout coule de naturel et de justesse et 12XU semble être capable de composer à la pelle des titres simples mais efficaces, au propos toujours aussi intelligents.

mercredi 4 janvier 2012

Tringles - Tringles


J'ai découvert Tringles il y a plusieurs mois, en concert au 102 à Grenoble. Quelque chose m'avait un peu déplu (commence mal cette chronique), c'était l'attitude de la front-woman qui se la jouait parfois rock'n'roll, vous savez cette attitude un peu fière, tout en cherchant à transmettre une fun attitude. Déplu, non dans le sens irritant, mais perçu comme convenu. Car à l'évidence, non, les Tringles ne se prennent pas au sérieux. Mais je vais vous avouer pourquoi Tringles me plaît. Tringles me plaît car Tringles me fait penser à Kleenex. Leur live m'avait remémoré les images du clip de Nice des suissesses. Je crois que c'est un peu cette manière frontale qu'elles avaient de regarder le public en chantant. Tiraillé entre le post-punk et le garage, le quatuor se revendique à la fois des Runaways et de Wire. Perso c'est plutôt le côté Wire que je trouve attrayant. Il est drôle d'ailleurs de remarquer comme l'ordre des quatre titres, de Sweat à Calm Down, tend du post-punk vers le garage. Souvent, c'est la basse qui semble mener le jeu. La guitare, elle, est plus en retrait. D'ailleurs, celle-ci gagnerait sûrement à se déshabiller de cette réverbe et de cette distorsion trop présentes. C'est agréable quand elle se la joue noisy, comme dans Yeah, mais sur les passages post-punk elle dessert quelque peu l'ensemble. Sweat, Train et Yeah sont des titres entraînant et efficaces, mais Calm Down s'essouffle à vouloir trop en jeter, malgré la présence du clavier.