Il faudra se charger
d'une bonne dose de courage pour partir à l'assaut des 85 minutes de
Occult Rock. Pas de repères, rien que des numéros de piste. La
première, d'ailleurs, est une épreuve. Les récalcitrants
abandonneront d'emblée, mais ceux que les quelques huit minutes d'un
blast bloqué sur un seul accord n'aura pas fait capituler seront
vaccinés au mal Aluk Todolo. Ils en apprécieront même d'autant
plus la saveur. Black metal, noise, krautrock. Là encore ce n'est
que question de repères. Des balises pour réussir l'acension du
Mont Aluk Todolo. Le trio a toujours eu cette obstination de la
répétition éternelle, quelque chose de cyclique mais condamné à
une seule saison: froide et humide. Si leur rock est occulte, c'est
en cela: Aluk Todolo parcourt un territoire, celui de la quête vers
une transe chamanique. Alors, puisqu'il est du propre de notre époque
de toujours s'arrêter à la projection des idées, on s'imaginerait
bien perdre nos moyens sur cet album, amplifié à l'excès, jusqu'à
ce que le corps en souffre et que la raison foute le camp. Et puis
cette montagne, menaçante, rappellant celle de la scène d'ouverture
de Aguirre de Herzog, s'élevant de la même brume: là encore, la
folie. A la fois minimaliste et épais, Occult Rock sonne comme s'il
cherchait à recréer la nature, à l'aide de ce qu'il a entre les
mains, des outils industriels. C'est le vent que l'on entend chez
Aluk Todolo, le bois qui craque, la roche qui cède, la pluie qui
ravine et la terre qui gronde.
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