Sed Non Satiata nous avait laissé en 2008 avec ce fameux split en compagnie de Daïtro. L'image que le groupe renvoyait était celle d'un certain parti pris. Un chant en français très mélodique qui pouvait séduire mais aussi facilement rebuter ou faire crisser des dents. C'est donc cette idée qui trottine dans ma tête pendant que j'enfile l'objet dans mon mange-disque. Autant en finir avec ce sujet de suite, la voix d'Arnaud semble métamorphosée. Exit les intonations presque maniérées que l'on pouvait trouver sur Les hommes sans visage, on est ici beaucoup plus proches d'une certaine école de l'emo français, celle d'Amanda Woodward et de Daïtro. Même si certaines envolées parsèment encore les chansons de SNS, la voix se fait un peu moins suave et s'intègre bien plus naturellement dans la musique. Pas de mise en bouche cette fois-ci, Les colonnes de soie nous attrape directos à la gorge. Des cris désespérés, un groupe qui alterne intensité et modération et des chants clairs enchanteurs. Je suis par contre un peu sceptique sur le titre qui vient. Osögõ orõ nous propose un post-hardcore déjà entendu chez Geneva il y a quelques mois par exemple, et un passage commun de post-rock avec sample de rigueur, mais le quartet se rattrape largement sur les irruptions puissantes qui tranchent le titre. En revanche, rien à redire sur Entre les mots ; un piano en introduction qui se mêle aux notes de guitare, puis tout coule naturellement jusqu'à l'explosion dans un chant fédérateur : « Mais à toujours chercher un sens ou à essayer de briser le silence entre les mots » pour redescendre et finir majestueusement sur ce même piano. On descend encore avec les accords délicats, en acoustique de Calle Jaen 23 puis on termine avec L'arrache cœur, qui s'écoule lentement et finit par nous emporter dans sa montée d'intensité. Admirablement réalisé, mais il manque un petit quelque chose. Alors oui cet album a la classe, il est superbement bien ficelé mais Sed Non satiata a, à mon goût, perdu en spontanéité. Le groupe a évolué et n'est pas resté sur ses acquis et l'album dans l'ensemble sonne moins personnel (hormis Entre les mots). En même temps... je ne sais pas... peut-être qu'on s'en fout... Sed Non Satiata s'est lancé dans une direction et cela lui réussit. Les Toulousains ont sûrement le temps de trouver la bonne formule, de jongler entre l'originalité et la qualité et ils sauront un jour marier les deux, parce qu'ils ont la capacité de le faire et ils nous le prouvent une fois de plus.
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