Composé et enregistré en deux mois, Han Som Soker est le projet d'un seul homme, en la personne du bassiste des défunts Inys. L'artwork instaure le climat austère de l'album : forêts profondes, montagnes enneigées et ciels nuageux. La nature prenant le dessus sur la civilisation, la présence humaine réduite à néant. Rien que le sifflement du vent entre les sapins, le ronronnement de l'eau coulant entre les rochers et le murmure de la neige qui se dépose sur le sol. La typographie déstructurée sur la pochette en carton et les écritures gothiques du livret appelleraient presque à un logo « True Norwegian Black Metal ». L'Intro remplit son rôle : claviers sombres et glaçants en crescendo puis décrescendo, de quoi prévenir l'auditeur à ce qui va en suivre. Ghost débute sur de délicates notes de guitare rejointes par un chant posé mais habité. La transition qui arrive ensuite a un petit côté-début de Pity the weak de Fall Of Efrafa, en version beaucoup plus lente : même façon de reprendre des couples de notes calmes à la guitare après une ambiance qui s'estompe mais reste sous tension. Un peu plus loin, c'est l'ombre d'Inys qui refait surface: guitare crade, batterie lente et grain de voix écorché. L'intro de September et ses étouffements de notes éparses sous chorus font étrangement penser au thème musical de Twin Peaks. Le rapprochement avec la série culte de Mark Frost et David Lynch n'est d'ailleurs pas aussi incongrue qu'elle en a l'air : l'appel de la nature, à travers des forêts épaisses et mystérieuses et la déchéance psychologique humaine en société sont des thèmes communs. En témoignent les paroles de Enclave of freedom : « Only the nature, in certain places, rest free of any chains / Freedom is no longer than here / Cities are cages without bars / Bars are useless for docile beast ». Le black-métal ambiant de Han Som Soker, même s'il prends ses propres directions, reste teinté de l'expérience avec Inys. Le spectre de ce dernier rode autour de ces 6 titres : on retrouve ces même riffs pesants à peu d'accords sur lesquels viennent, en revanche, s'accrocher ici et là des notes plus aigües, un cri guttural, des claviers glacés ou encore une guitare acoustique. Han Som Soker est en tout cas une expérience artistique honorable : s'investir complètement dans un processus de composition pendant deux mois, improviser face à sa volonté immédiate pour n'enregistrer que le ressentit à l'instant présent, sans avoir le temps de prendre de recul, pour faire ressortir ce qui pourrait être perçu comme la sincérité ultime.
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