Le surf n'est pas un
style qui renvoie forcément à des choses bien glorieuses: le sable,
le soleil, les filles en bikini, les grosses cylindrées et les
planches. Le surf ne renvoie pas forcément à des choses bien
glorieuses, sauf quand on prends soin d'évacuer toute cette
esthétique bancale pour ne garder que ce qui est réellement fun
dans cette histoire: les tremolos sous réverb' et les "poum
tchak tchak poum tchak". Le surfer blond et bronzé, lui, il
vient de se ramasser une grosse vague sur le coin de la tronche et
comme Christopher Steeve, c'est de son fauteuil sur lequel il restera
cadenassé jusqu'à la fin de ses jours qu'il va regarder les vagues,
une larme à l'oeil. Premier côté: Les Profs de Skids. Tout compte
fait, c'était peut-être plutôt une avalanche, la poudreuse plutôt
que l'écume pour nous fouetter le visage. Le surf des grenoblois est
assez "traditionnel", avec toutefois un penchant affirmé
pour les riffs qui groovent et une énergie incontrôlable. Bref, du
surf qui pue vraiment le punk-rock. Tout est toujours aussi bien
foutu dans les chansons instrumentales du trio. On retrouve quelques
titres déjà présents sur une demo ou l'autre, et du second degré
jusque dans les titres des chansons, et Fujiyama s'est naturellement
transformé en Fukushima. Second côté: les toulousain.e.s de Sea
Sick 6. C'est un peu plus chaotique sur cette face: Surf from hell, et le
surf de papa on le détruit à coup de synthé démoniaque et de voix
plus ou moins criardes mais toujours ironiquement possédées. Des
samples apocalyptiques, une guitare dangereuse sous des effluves de
réverb': Sea Sick 6 est la B.O. d'une virée sur les ruines de ce
monde en perdition. A Toulouse, on n'a pas la plage, mais
on a la rage.