Un pas en diagonal.
Baton Rouge à changer de cap, même si le vent ne l'a pas encore poussé bien loin.
Les compositions de ce second LP tendent vers quelque chose de plus intemporel,
de plus "rock", délaissant au passage les sonorités emo-punk qui avaient forgé sa patte.
Plus chic, Baton Rouge prend le temps de tricoter des ambiances dans un format qui se moque de celui des chansons courtes et efficaces. D'ailleurs, cet album semble pensé
avant tout pour l'objet-même que pour les concerts. Bien sûr, des chansons courtes et efficaces,
il en a encore - Côte du Py / D'année en année - avec ces riffs reconnaissables instantanément.
Les lyonnais s'essaient avec assurance à de nouvelles choses: des arrangements sur Train de nuit par exemple,
avec cette guitare accoustique qui vient épaissir le riff central, quelques effets plus marqués sur les guitares,
ou des impressions inédites chez B.R. (quoiqu'un peu à la Sed Non Satiata) sur Le Fixeur.
Je trouverais à redire sur le chant, qui ne me plaît guère. Julien s'essaie à une voix plus calme et posée
qui se dote d'un grain rauque lorsqu'il force dessus: plus affirmée qu'auparavant et encore une fois plus "rock".
En revanche, un sacré travail d'écriture est effectué sur les textes,
d'une qualité formelle et d'une poésie rare (Au gré du gel en est l'exemple ultime), qui plaira à certain.e.s
mais qui gonflera peut-être aussi d'autres (mais alors là, peu importe). Le long de ces neuf titres,
la magie fonctionne souvent au détour d'un accord sur lequel viennent se rejoindre -ou au contraire diverger-
subitement les instruments, comme sur l'instrumental Hypn-O-Sonic.
Et à Baton Rouge d'écrire des chansons toujours aussi riches. Si l'on pourra regretter
une certaine époque de Baton Rouge en ce qui concerne le style,
on ne pourra que se réjouir de la qualité toujours imposante du groupe.