Je ne sais que très peu de choses de Torticoli, hormis que le groupe est originaire de Lyon et que la formation en live est, au choix, trio ou quatuor (un chanteur occupe cette place vacillante). J'ai cru comprendre qu'il existait ainsi, en quelque sorte, deux Torticoli, le trio plutôt free-noise et le quatuor plus rentre-dedans. Sur cette première demo, c'est le trio que l'on jugera, puisque de la voix, ici, nous n'en entendrons pas le moindre souffle. Deux guitares et une batterie, c'est avec cet arsenal que le groupe explore les frontières les plus bruitistes d'un rock bluesy batailleur. Techniques mais avant tout viscérales, les guitares explosent et débordent de tout part. On se laisse rapidement submerger par la richesse presque agressive du groupe. On n'a pas peur d'accumuler les plans chez Torticoli, mais quand quantité et qualité sont toutes les deux rendez-vous, il n'y a vraiment pas de quoi se gêner. De temps en temps, les riffs se font moins querelleurs, et le vibrato vient s'imposer dans ces interruptions, comme une tirade arrêtée au milieu d'un mot, dont l'auditoire serait accroché aux lèvres, à attendre impatiemment la prochaine syllabe. Du côté du batteur, on est tout aussi inventif, et on aime, comme ses camarades, en mettre de partout. L'enregistrement sonne très live et on ne pourra point leur reprocher un manque d'énergie, et je ne précise pas cela pour mépriser un autre aspect de cet enregistrement, car les trois instruments sont intelligibles à souhait et parfaitement rendus. La prochaine livraison sera peut-être signée par quatre paires de main, on la souhaite dans les deux cas tout autant fiévreuse.
dimanche 13 mai 2012
vendredi 11 mai 2012
Owun - Le fantôme de Gustav
Owun est un groupe qui a eu le temps d'en vivre, des aventures (que je tairais mais dont vous trouverez un résumé sur une de leurs pages internet), depuis sa création en 1992. Après deux albums, Sillon et Ostensible?, respectivement en 1998 et 2001, le combo grenoblois se reforme en 2007, accueille un second guitariste et se lance dans la composition de ce qui va devenir Le fantôme de Gustav. Si le Owun de 1998 œuvrait dans un noise rock finalement assez convenu, Ostensible? marquait déjà une volonté d'expérimentations louable, le nouvel Owun quant à lui a placé ses ambitions à un niveau encore supérieur. A la fois hétéroclite mais puissamment homogène, expérimental sans en avoir l'air, Le fantôme de Gustav possède les qualités qui manquent à bon nombre d'autres groupes, attirant par la qualité de ses compositions et passionnant par sa recherche esthétique. On se demande bien comment une simple "formation de rock classique" (guitares, basse, batterie) réussit à sortir de telles sonorités, parfois légères et psychédéliques, et d'autres fois au contraire extrêmement pesantes. Mouvements machinaux, répétitions industrielles; le chant, lui, est toujours noyé derrière, sous d'épaisses couches de réverbe. On pense de temps en temps à un autre groupe grenoblois, Rien (que l'on retrouve d'ailleurs dans les remerciements), notamment dans les morceaux Berceaux et Muralité. Et puis il y a Carbone, qui saute aux oreilles par sa familiarité avec le Liars de l'époque Drums Not Dead, mais surtout par son efficacité imposante. Seul Volux +, qui vient clôturer l'album, fait figure d'outsider et sonne comme une révérence aux premiers amours de Owun. Le successeur de Le fantôme de Gustav (sous-titré "volume premier"), devrait cette fois réussir à mettre moins de dix ans pour nous parvenir; on l'espère sincèrement.
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