Taulard s'appelle Taulard. Sur la pochette de la première cassette de Taulard, on voit apparaître une lame de rasoir, sans trop même avoir à faire de pirouettes avec les yeux. Rien de subliminal ici, on sait effectivement à quoi s'attendre lorsqu'on met en route la bobine: Taulard n'a pas vraiment le coeur à la fête. Taulard c'est des états d'âme, des maux, des instants fixés sur le papier. Le point fort de Taulard justement, c'est peut-être bien les paroles. Faussement naïves, souvent mélancoliques, parfois ironiques ou un poil vénères; des sales expériences sous forme d'histoires. Une écriture indécise, parfois évasive, presque poétique, et parfois beaucoup plus concrète. Le chant en français, dans ce style particulièrement, est un exercice casse-gueule. La première écoute pèche un peu. On rechigne parce qu'on n'a pas l'habitude. Mais on décide de donner une seconde chance, car on sait qu'il s'y passe quelque chose. On retourne la cassette, on réappuit sur play (les deux faces de la cassette sont identiques), et alors on se sent un peu bête, parce que finalement ce chant, on l'aime bien quand même. Les "oh oh" de Ville portuaire, on les chante en coeur, pas le choix. Pour ce qui est du reste, c'est à dire les instruments, le choix est celui d'une atmosphère dépouillée et maladive. Bien sûr, les lignes de basse sont audacieuses, mais la batterie tend vers l'épuration. Le synthé, lui (le principal élément mélodique), sait ne pas en faire des tonnes et mène la barque avec finesse. Et puis cette pochette: visuel minimaliste, un peu à l'image de la cassette des Rip It Up! il y a quelques mois: concise et classe.
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