dimanche 17 février 2013

Taulard - s/t


OK. Je commence à comprendre ce qu'il y a de si bien dans Taulard. Inévitablement, cette écriture particulière. Sous un déguisement naïf, des phrases en accumulation, interminables, une logorrhée tendue et doucement rageuse. Les paroles témoignent d'anecdotes et d'instants spéciaux ou plus anodins, et si Fuir ne me faisait pas mentir, puisque influencée d'un roman, je louerais cette obstination à traiter de la sphère personnelle. Il y a quelque chose de l'archive chez Taulard, archiver les expériences, les agencer ensemble et en faire sortir un propos, où l'intime entame un déplacement vers des enjeux suprapersonnels. Les rencontres, voyages ou un drame ayant touché un proche (Sous le même toit) sont des prétextes. La diction, elle, semble incontrôlable: elle se positionne un instant puis tente autre chose, spasmodique, hachée puis infatiguable. La double voix sur certaines lignes de chant appuyée avec force par les mélodies de la basse et du synthé, crée ces instants d'une magie opérante, le pont de Frankreich Katastrophe par exemple, magnifique. Ailleurs, ce sont les nappes de voix qui se marient merveilleusement bien avec celles du synthé (Fuir notamment). Le son est clair, les instruments distincts; on sent qu'il n'est pas encore exactement comme il devrait être, la basse notamment est un peu trop sourde, mais ce n'est qu'un détail. Sous le même toit et Londres ont un peu pâle allure face aux énormes Frankreich Katastrophe et Fuir, mais rien n'est à reprocher à ce ep 4 titres, marquant de de plus en plus efficacement la particularisme de Taulard.

jeudi 14 février 2013

V/A - Du son pour la ZAD



Du côté des Cévennes, plus précisément chez les Marilyn Rambo, on a pris l'initiative de sortir une compilation de soutien pour la ZAD regroupant des groupes issus de plusieurs horizons (scènes DIY, punk et "alternatives") et des quatre coins de l'hexagone. Les compilations, ce n'est pas trop mon truc, mais quand on fait l'effort de concocter un joli petit CD sérigraphié et de surcroit pour une bonne cause, je me dis que je vais me forcer un peu. Pour ce qui est du contenu, Du son pour la ZAD réussit tout de même à rassembler pas mal de groupes différents sans souffrir d'un effet d'incohérence et de dispersion totale. Bon, en effet on retrouve pas mal de choses que l'on connait déjà, notamment chez les grosses pointures (Marvin, Papaye, Le Singe Blanc) mais également (du moins pour ma part) quelques découvertes (Vitas Gérolaitais, Paul Démon, Besoin Dead). Pour ce qui est du meilleur, je vous fait part de mon Top 7: Les Louise Mitchels et leur ligne de basse vengeresse, Télé Détente et son grand n'importe quoi cheaperesque, Marilyn Rambo et Papaye même si on les a déjà assez entendu, Direction Survet et son synthé de Télétubbies, Grand Prédateur qui fait toujours aussi peur et Llamama La Muerte complétement obnubilant. Et pour les chanceux.ses, vous découvrirez une surprise en piste cachée servie par Flo Mekouyanski! Hahaha....yeah...Grenoble Represent.

Walden - Fire walk with me



Walden n'est pas réellement une nouvelle entité puisqu'elle est le prolongement de Han Som Soker, projet solo d'un ancien membre du groupe Inys (puis entre temps du groupe Nord). Cette fois, pas de pochette en carton entièrement fait main, en remplacement un boitier plastique mais avec un joli insert à l'intérieur. Toujours dans la même veine que Han Som Soker, Walden a cependant éclaircit son spectre musical. Les nappes de synthé et les sonorités black-metal que l'on pouvait palper auparavant ci et là sont mis à l'écart. Hormis Dead Man, cousu par une guitare électrique vaporeuse en élévation sur un parterre drone pluvial et venteux, Walden est recentré sur une guitare acoustique qui sert réellement de base aux morceaux. D'ailleurs pour la filiation, on ne saura être dupe, avec le nombre de clins d'oeil et ce jusque dans les titres de chanson: Thoreau pour l'état d'esprit, Twin Peaks pour la forêt embrumée, Woven Hand et Neil Young pour l'inspiration musicale. Plus épurés que pour Han Som Soker, les arrangements étoffent paradoxalement plus efficacement les squelettes guitare sèche/chant/batterie electro. L'harmonica et les déambulations électriques de guitares psychédéliques donnent forme à un dark folk épais et riche. On notera encore quelques imperfections au niveau de certains calages avec la batterie mais également en ce qui concerne le traitement de la voix, un peu trop détachée des instruments. En revanche, le traitement sonore est plus aboutit que sur les albums de Han Som Soker, terriblement plaisant, surtout lorsque l'on vient à savourer ces enchevêtrements d'arpèges et ces accords emprunts d'une intensité apaisante.