OK. Je
commence à comprendre ce qu'il y a de si bien dans Taulard.
Inévitablement, cette écriture particulière. Sous un déguisement
naïf, des phrases en accumulation, interminables, une logorrhée
tendue et doucement rageuse. Les paroles témoignent d'anecdotes et
d'instants spéciaux ou plus anodins, et si Fuir ne me faisait pas
mentir, puisque influencée d'un roman, je louerais cette obstination
à traiter de la sphère personnelle. Il y a quelque chose de
l'archive chez Taulard, archiver les expériences, les agencer
ensemble et en faire sortir un propos, où l'intime entame un
déplacement vers des enjeux suprapersonnels. Les rencontres, voyages
ou un drame ayant touché un proche (Sous le même toit) sont des
prétextes. La diction, elle, semble incontrôlable: elle se
positionne un instant puis tente autre chose, spasmodique, hachée
puis infatiguable. La double voix sur certaines lignes de chant
appuyée avec force par les mélodies de la basse et du synthé, crée
ces instants d'une magie opérante, le pont de Frankreich Katastrophe
par exemple, magnifique. Ailleurs, ce sont les nappes de voix qui se
marient merveilleusement bien avec celles du synthé (Fuir
notamment). Le son est clair, les instruments distincts; on sent
qu'il n'est pas encore exactement comme il devrait être, la basse
notamment est un peu trop sourde, mais ce n'est qu'un détail. Sous
le même toit et Londres ont un peu pâle allure face aux énormes
Frankreich Katastrophe et Fuir, mais rien n'est à reprocher à ce ep
4 titres, marquant de de plus en plus efficacement la particularisme
de Taulard.
dimanche 17 février 2013
jeudi 14 février 2013
V/A - Du son pour la ZAD
Du côté
des Cévennes, plus précisément chez les Marilyn Rambo, on a pris
l'initiative de sortir une compilation de soutien pour la ZAD
regroupant des groupes issus de plusieurs horizons (scènes DIY, punk
et "alternatives") et des quatre coins de l'hexagone. Les
compilations, ce n'est pas trop mon truc, mais quand on fait l'effort
de concocter un joli petit CD sérigraphié et de surcroit pour une
bonne cause, je me dis que je vais me forcer un peu. Pour ce qui est
du contenu, Du son pour la ZAD réussit tout de même à rassembler
pas mal de groupes différents sans souffrir d'un effet d'incohérence
et de dispersion totale. Bon, en effet on retrouve pas mal de choses
que l'on connait déjà, notamment chez les grosses pointures
(Marvin, Papaye, Le Singe Blanc) mais également (du moins pour ma
part) quelques découvertes (Vitas Gérolaitais, Paul Démon, Besoin
Dead). Pour ce qui est du meilleur, je vous fait part de mon Top 7:
Les Louise Mitchels et leur ligne de basse vengeresse, Télé Détente
et son grand n'importe quoi cheaperesque, Marilyn Rambo et Papaye
même si on les a déjà assez entendu, Direction Survet et son
synthé de Télétubbies, Grand Prédateur qui fait toujours aussi
peur et Llamama La Muerte complétement obnubilant. Et pour les
chanceux.ses, vous découvrirez une surprise en piste cachée servie
par Flo Mekouyanski! Hahaha....yeah...Grenoble Represent.
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Walden - Fire walk with me
Walden n'est pas
réellement une nouvelle entité puisqu'elle est le prolongement de
Han Som Soker, projet solo d'un ancien membre du groupe Inys (puis
entre temps du groupe Nord). Cette fois, pas de pochette en carton
entièrement fait main, en remplacement un boitier plastique mais
avec un joli insert à l'intérieur. Toujours dans la même veine que
Han Som Soker, Walden a cependant éclaircit son spectre musical. Les
nappes de synthé et les sonorités black-metal que l'on pouvait
palper auparavant ci et là sont mis à l'écart. Hormis Dead Man,
cousu par une guitare électrique vaporeuse en élévation sur un
parterre drone pluvial et venteux, Walden est recentré sur une
guitare acoustique qui sert réellement de base aux morceaux.
D'ailleurs pour la filiation, on ne saura être dupe, avec le nombre
de clins d'oeil et ce jusque dans les titres de chanson: Thoreau pour
l'état d'esprit, Twin Peaks pour la forêt embrumée, Woven Hand et
Neil Young pour l'inspiration musicale. Plus épurés que pour Han
Som Soker, les arrangements étoffent paradoxalement plus
efficacement les squelettes guitare sèche/chant/batterie electro.
L'harmonica et les déambulations électriques de guitares
psychédéliques donnent forme à un dark folk épais et riche. On
notera encore quelques imperfections au niveau de certains calages
avec la batterie mais également en ce qui concerne le traitement de
la voix, un peu trop détachée des instruments. En revanche, le
traitement sonore est plus aboutit que sur les albums de Han Som
Soker, terriblement plaisant, surtout lorsque l'on vient à savourer
ces enchevêtrements d'arpèges et ces accords emprunts d'une
intensité apaisante.
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