OK. Je
commence à comprendre ce qu'il y a de si bien dans Taulard.
Inévitablement, cette écriture particulière. Sous un déguisement
naïf, des phrases en accumulation, interminables, une logorrhée
tendue et doucement rageuse. Les paroles témoignent d'anecdotes et
d'instants spéciaux ou plus anodins, et si Fuir ne me faisait pas
mentir, puisque influencée d'un roman, je louerais cette obstination
à traiter de la sphère personnelle. Il y a quelque chose de
l'archive chez Taulard, archiver les expériences, les agencer
ensemble et en faire sortir un propos, où l'intime entame un
déplacement vers des enjeux suprapersonnels. Les rencontres, voyages
ou un drame ayant touché un proche (Sous le même toit) sont des
prétextes. La diction, elle, semble incontrôlable: elle se
positionne un instant puis tente autre chose, spasmodique, hachée
puis infatiguable. La double voix sur certaines lignes de chant
appuyée avec force par les mélodies de la basse et du synthé, crée
ces instants d'une magie opérante, le pont de Frankreich Katastrophe
par exemple, magnifique. Ailleurs, ce sont les nappes de voix qui se
marient merveilleusement bien avec celles du synthé (Fuir
notamment). Le son est clair, les instruments distincts; on sent
qu'il n'est pas encore exactement comme il devrait être, la basse
notamment est un peu trop sourde, mais ce n'est qu'un détail. Sous
le même toit et Londres ont un peu pâle allure face aux énormes
Frankreich Katastrophe et Fuir, mais rien n'est à reprocher à ce ep
4 titres, marquant de de plus en plus efficacement la particularisme
de Taulard.
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