En effet, je n'ai rien posté sur ce site depuis de longs mois, et la dernière chronique concernait déjà François Virot. En effet, ce n'est pas un hasard, – non, je n'ai pas écouté Virot en boucle depuis tout ce temps - c'est justement parce que la dernière chronique le concernait que la sortie de ce nouvel album m'a rappelé l'existence de ce site. C'est bien dommageable, mais cela ne le concerne pas. Donc, entre temps, François Virot semble avoir opté pour un nouveau style vestimentaire - les photos promo - , le même que plusieurs personnes que je n'apprécie guère. C'est bien dommageable, mais cela ne le concerne pas. François Virot a fait un clip pour Medicine, le titre d'ouverture de ce Marginal Spots, dans lequel il fait plonger ses potes dans une piscine, et cela dans une esthétique toute VHS. Soit, mais si on parle musique, je me suis dit à première écoute : "c'est moins la passion" – passion n'est pas à prendre au pied de la lettre , je suis une personne raisonnée- . La sensation qu'une tournure plus fun était entamée, presque festive, mais à une intensité moindre avant que cela ne dérive à la grossièreté. (Regardez, je suis une personne mesurée, je mets des termes en italique pour insinuer que la langue française n'a pas prévu tous les mots que je souhaiterais utiliser.) Peut-être que c'est sa nouvelle manie de faire des clips au bord d'une piscine. Et un clip, ça joue forcément sur la réception que l'on peut avoir d'une musique. Si vous voulez tout savoir, oui, j'ai regretté de l'avoir regardé ; je l'ai maintenant en tête à chaque écoute. Donc, je disais que la première écoute était quelque peu dubitative, mais les suivantes furent plus modérées, puis finalement enthousiastes. Je crois que j'apprécie moins le style global de cet album, mais les chansons sont, en soi, toutes biens. Le style ? Je ne sais pas, en fait il y a une atmosphère à la Beatles, je ne sais pas si c'est une bonne chose ou pas, et je n'ai même pas envie de me poser cette question, mais c'est quelque chose qui revient à plusieurs moment. François Virot, ça marche quand même à chaque fois avec moi : les doubles voix, les petits arrangements, les petites fragilités. La nonchalance de Medicine m'irrite un peu, mais ça marche tout de même avec moi : l'entrée de guitare sur le refrain de Rip Off, la berceuse lancinante de Hostile, le bien bel outro de Blue Void où se suivent guitare et chant, mais j'ai surtout un petit faible pour Tour de Force, qui prend le temps de se construire, les instruments semblent chercher la discrétion, mais le crescendo y est sobre mais terriblement efficace.
lundi 27 février 2017
samedi 9 mai 2015
François Virot - Unreleased 2008-2010
Le
style de Baptiste Virot est particulièrement tranché. Motifs
eighties et couleurs flashy. Ma préférence se penche largement vers
ses comics en noir & blanc, c'est donc pour moi le mauvais côté
du bonhomme qui vient orner cet album. Une parenté entre Baptiste et
François? Je ne crois pas. L'homonymie les aura en tout cas
rapprochés sur ce coup-là. Quelqu'un aura osé. Alors, commençons
par noter que cet album est sorti à l'aube de cette magnifique année
2015. Je ne suis pas sûr de savoir ce que signifie « sortir »
pour une version digitale, mais en tout cas, ça s'écoute dés à
présent. On se rassure, ça se télécharge gratuitement, manquerait
plus qu'on soit obligées de déverser des thunes pour du codage
binaire. Une version physique ? Que dalle ! Non non, je ne
vais sûrement pas me plaindre, je suis bienheureux de découvrir ces
titres, plutôt bien dignes d'ailleurs ! On retrouve ici tout ce
qui est faisait la force du premier album de François Virot sorti en
2008. Je trouve le rapprochement avec Animal Collective ici bien plus
prégnant que sur Yes
or No :
choeurs enjoués, une place primordiale aux percussions - sur corps
de guitare, cordes et claquements de main - et polyphonie
guitaristique. Quelques expérimentations - claviers sur la 3
et bidouilles électro sur la
8
- inusitées d'ordinaire dans ce projet solo mais pas inhabituelles
chez Virot. La 5
change un peu également, par son côté folk plus traditionnel à la
Elliott Smith. On retrouve quelques versions demo de titres qui
auront finis entre temps chez Reveille (4
– Little
Violences)
et Clara Clara (2
– One
on One)
dans des versions éloignées de leur forme connue mais d'autant plus
plaisantes. Non, vraiment, ce Unreleased
2008-2010
est loin d'être une mauvaise chose, malgré ce petit essoufflement
sur les deux derniers titres, et semble prédire une prochaine
sortie, par corroboration avec les quelques nouveaux titres qui
tournent sur le net. Hope so !
samedi 31 janvier 2015
Baton Rouge - Totem
Un pas en diagonal.
Baton Rouge à changer de cap, même si le vent ne l'a pas encore poussé bien loin.
Les compositions de ce second LP tendent vers quelque chose de plus intemporel,
de plus "rock", délaissant au passage les sonorités emo-punk qui avaient forgé sa patte.
Plus chic, Baton Rouge prend le temps de tricoter des ambiances dans un format qui se moque de celui des chansons courtes et efficaces. D'ailleurs, cet album semble pensé
avant tout pour l'objet-même que pour les concerts. Bien sûr, des chansons courtes et efficaces,
il en a encore - Côte du Py / D'année en année - avec ces riffs reconnaissables instantanément.
Les lyonnais s'essaient avec assurance à de nouvelles choses: des arrangements sur Train de nuit par exemple,
avec cette guitare accoustique qui vient épaissir le riff central, quelques effets plus marqués sur les guitares,
ou des impressions inédites chez B.R. (quoiqu'un peu à la Sed Non Satiata) sur Le Fixeur.
Je trouverais à redire sur le chant, qui ne me plaît guère. Julien s'essaie à une voix plus calme et posée
qui se dote d'un grain rauque lorsqu'il force dessus: plus affirmée qu'auparavant et encore une fois plus "rock".
En revanche, un sacré travail d'écriture est effectué sur les textes,
d'une qualité formelle et d'une poésie rare (Au gré du gel en est l'exemple ultime), qui plaira à certain.e.s
mais qui gonflera peut-être aussi d'autres (mais alors là, peu importe). Le long de ces neuf titres,
la magie fonctionne souvent au détour d'un accord sur lequel viennent se rejoindre -ou au contraire diverger-
subitement les instruments, comme sur l'instrumental Hypn-O-Sonic.
Et à Baton Rouge d'écrire des chansons toujours aussi riches. Si l'on pourra regretter
une certaine époque de Baton Rouge en ce qui concerne le style,
on ne pourra que se réjouir de la qualité toujours imposante du groupe.
samedi 29 novembre 2014
Pervers et truands
Et cela survient finalement. Tout s'écroule. On
croyait à un moment de liesse. Comme un tour de manège. Un tour de
manège où c'est toi qui choisis quand tu veux descendre. Mais la
catastrophe a tout détruit. Rien n'a survécut. Du manège, il ne
reste qu'un amas de détritus renfrognés. Et c'est une bande de
freaks chimiquement modifiés qui repeuple ce qui était autrefois
des paysages. Esthétique des ruines. Soit. Celle-là est
particulièrement réussie. Il paraît que ça sort des ateliers de
Ursa Minor à Saint-Etienne. Ça tombe vraiment bien puisque c'est de
là que nous vient justement Pervers et truands. Un premier album
après une triplette de demos sur CD-r. Pervers & Truands sont
des gens ordinaires: c'est écrit sur ce vinyle et relevé déjà par
une autre personne qui s'essaie également à ce genre d'exercice:
aligner des mots, voir des phrases, pour parler d'un groupe de
musique, d'un groupe D.I.Y., que l'on a vu à un concert, et pour
dire un peu plus que parler simplement musique. De là à réussir
(?) Pervers & Truands sont des gens ordinaires et c'est plutôt
rassurant. Pervers et truands, c'est du sludge fait par des gens qui
ne savent jouer que du punk. Ils ont bien essayé de nous le cacher
mais certains éléments ne trompent pas. Un peu trop d'urgence ou de
hargne. Il y a deux élément notables chez P&T. Ouais! Rien que
ça! Les passages lourds. Et les passages rapides. Va pas falloir
trop chercher à intellectualiser tout ça. Des mouvements de têtes
lents et déterminés. Et des mouvements de têtes rapides et
satisfaits. Et c'est tout ce qu'on leur demande. Suffit de choisir la
bonne manière de faire ça.10 titres du même acabit. Un petit bémol
sur Spooky Song, l'interlude calme et déprimé qui sent juste la
fatigue. Bon disque.
vendredi 4 juillet 2014
Taulard - Les abords du lycée
Taulard a
toujours dansé sur la corde raide. Un point d'absolu dans son genre,
en proie à des vents querelleurs. Jusqu'à présent, Taulard s'était
agrippé de toutes ses forces, avait résisté coûte que coûte.
Paradoxalement, les atouts du groupe ont toujours été ces petites
choses fragiles: un chant en français avec des textes doucement
naïfs et un synthé cheap et vierge de tout effet. Jusqu'à présent,
Taulard avait résisté, mais s'est fait prendre dans un moment
d'inattention et a glissé. Rien de bien grave, ni jambe cassée, ni
entorse aggravée. Seulement, ce premier album a un autre goût que
les précédents efforts des grenoblois. Le son un peu incertain de
la première cassette et du 7", tout cela faisait le charme du
groupe, qui a décidé de donner à son premier album un son digne de
ses ambitions. Résultat: Les abords du lycée est propre comme une
paillasse de TP de physique-chimie. Une propreté médicale, qui a
tout blanchit, qui a gratté la moindre aspérité. Ce n'est pas pour
faire l'éloge frontale d'une certaine pauvreté ou saleté, mais une
autre intention musicale a ici pointé son nez. La majorité des
présents morceaux existaient déjà sur le cd -celui enregistré par
Josselin lorsque Taulard n'était pas encore un véritable groupe- ou
sur la demo-tape, et ce sont ces anciennes versions vers lesquelles
je me tournerais encore à l'envie de les écouter. Dans la roche est
la plus grosse déception de cet album. Clairement, cette chanson est
un "hit": une mélodie trop classe et un thème abordé
(les abus sexuels) avec une justesse et une franchise rare, mais
-merde- que vient foutre cette basse funky, -comment dire- cocasse,
ici? Voilà, quelque chose cloche, quelque chose me dérange dans Les
abords du lycée. Une affaire de sensibilité, un décalage qui ne
fonctionne pas. Dommage, car Taulard compose toujours de supers
chansons et l'écriture de Josselin s'affine, avec cette manière
toujours singulière d'introduire un malaise au détour d'une
phrase:"Tempête, qui fait tomber les arbres, qui fait tomber
les gens". Dans tous les cas, Taulard semble attirer de manière
exponentielle l'intérêt des gens. Tant mieux.
mardi 29 avril 2014
Alligator - Runners
Le duo lyonnais a enfin
donné suite à sa démo cassette avec un premier LP. Tout n'est pas
nouveauté puisque l'on retrouve en face A l'intégralité de ladite
cassette. L'inédit, quant à lui, se cantonne à la face B. Si je
considérais le premier effort d'Alligator comme un peu inégal, avec
des titres qui pouvaient vite devenir un peu irritants (Cycles et
Bloody Mouth), autant avouer tout de suite que ces cinq chansons ont
toutes atteint un certain degré de délice. Elisabeth et Lisa ont
transformé leur petit groupe de détente en atelier bien rodé. Les
chansons sont simples mais élaborées, on pourrait imaginer
qu'Alligator se pose des directives: "faire le maximum du
possible, de l'envisageable, avec le minimum, nos deux instruments et
nos deux voix". C'est sec, c'est squelettique, mais Alligator
réussit ce tour de force d'écrire de véritables chansons pop,
gracieuses et magiques qui restent gravées à partir de quelques
notes de basse et une batterie décharnée. J'ai dit "simples".
J'ai dit "décharnée". Disons que ce sont les moyens
engagés qui le sont. Car les parties de basse et de batterie n'ont
rien de convenues et on sent bien que les deux maîtrisent désormais
leurs instruments et s'épanouissent dans le style que s'est forgé
Alligator. Mais ce qui fait, encore ici, fonctionner cette magie
par-dessus tout, c'est le chant. A l'évidence, les deux lyonnaises
prêtent une attention particulière aux mélodies et à la manière
dont les deux chants vont se croiser et se compléter. C'est toujours
beau, et c'est souvent très prenant. Incroyablement organique et
sincère, il faudra désormais beaucoup d’hypocrisie pour oser dire
du mal de la musique d'Alligator.
vendredi 11 avril 2014
Gouvernail - Black Howl
Le flou règne autour de
Gouvernail. Ce qu'il semble être: un projet individuel lyonnais.
Pour le reste, on ne pourra s'accrocher qu'à la stricte matière
sonore. Des loops de guitare et une batterie électro pour seule
substance, un post-rock richement construit, tirant clairement ses
racines d'un post-hardcore plus hostile mais que l'on aurait surpris
un instant en pleine songerie. C'est un travail toujours un peu
compliqué de s'épancher sur une musique du genre sans tourner en
rond. Comment ne pas se vautrer encore et toujours sur des termes
tels que "paysage" ou "onirique"? Disons que l'on
connaît Gouvernail. On a déjà entendu cela quelque part. Du moins,
les termes qu'il emploie font partie de notre vocabulaire depuis
longtemps. Mais dans Black Howl, il y a tout de même une certaine
manière de les agencer, ces termes, d'où une entité propre. Pas la
peine d'aller chercher des références, ce serait à la fois juste
de le faire. Et extrêmement faux. Ce premier recueil de cinq titres
instrumentaux,cohérent de bout à bout, sait emprunter dans d'autres
sphères, comme ces beats de Canadian Shores ou sur A New Start.
Moins mélancolique. Plus "catchy". Tout cela se joue sur
de fines nuances, mais tout cela fait la différence et Gouvernail
opère merveilleusement bien dans ce qu'il fait. Aura-t-on la chance
de le découvrir en live? A l'écoute de Black Howl, je me remémore
un ancien groupe de Lyon qui partage quelque peu le même lexique. Y
aurait-il un ancien membre de Солярис [Solaris] aux commandes
de Gouvernail?
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