Le duo lyonnais a enfin
donné suite à sa démo cassette avec un premier LP. Tout n'est pas
nouveauté puisque l'on retrouve en face A l'intégralité de ladite
cassette. L'inédit, quant à lui, se cantonne à la face B. Si je
considérais le premier effort d'Alligator comme un peu inégal, avec
des titres qui pouvaient vite devenir un peu irritants (Cycles et
Bloody Mouth), autant avouer tout de suite que ces cinq chansons ont
toutes atteint un certain degré de délice. Elisabeth et Lisa ont
transformé leur petit groupe de détente en atelier bien rodé. Les
chansons sont simples mais élaborées, on pourrait imaginer
qu'Alligator se pose des directives: "faire le maximum du
possible, de l'envisageable, avec le minimum, nos deux instruments et
nos deux voix". C'est sec, c'est squelettique, mais Alligator
réussit ce tour de force d'écrire de véritables chansons pop,
gracieuses et magiques qui restent gravées à partir de quelques
notes de basse et une batterie décharnée. J'ai dit "simples".
J'ai dit "décharnée". Disons que ce sont les moyens
engagés qui le sont. Car les parties de basse et de batterie n'ont
rien de convenues et on sent bien que les deux maîtrisent désormais
leurs instruments et s'épanouissent dans le style que s'est forgé
Alligator. Mais ce qui fait, encore ici, fonctionner cette magie
par-dessus tout, c'est le chant. A l'évidence, les deux lyonnaises
prêtent une attention particulière aux mélodies et à la manière
dont les deux chants vont se croiser et se compléter. C'est toujours
beau, et c'est souvent très prenant. Incroyablement organique et
sincère, il faudra désormais beaucoup d’hypocrisie pour oser dire
du mal de la musique d'Alligator.
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