City of Quartz m'avait
interpellé à sa sortie. Choisir pour titre d'album le nom de
l'ouvrage de Mike Davies -sur la ségrégation spatiale et le
tout-sécuritaire de la ville contemporaine à travers l'exemple de
Los Angeles-, cela ne pouvait sembler que prometteur. A l'écoute
pourtant, rien à en tirer pour ma part: un punk-hardcore froid et
surproduit, empilant tout les codes du genre. Une machine de guerre
lisse et propre semblable à toutes les autres machines de guerre de
la nouvelle scène hardcore. Une abrupte dichotomie entre un discours
fortement revendicatif et une modalité de fonctionnement à la
conquête de la sphère spectaculturelle -grosse production, facebook
et tout l'arsenal habituel- aux antipodes de leur idéologie portée
en blason. En définitive, une bonne déception, immédiate. Et puis
récemment, un concert me donne l'occasion de redécouvrir le groupe.
Entre temps, les manceaux ont changé de chanteur et de bassiste (et
de batteur?) et ont redéfinit leur spectre musical. Nine Eleven se
veut plus dark et rôde d'avantage vers le post-hardcore avec des
prises de vitesse à la Cursed. Et en live, une attitude totalement
honnête et passionnée et un set impeccable. Nine Eleven n'en finit
pas pour autant avec son goût pour les codes et les banalités, des
plans un peu grossiers (la première partie de Face the Triangle par
exemple, assez pompeuse, pourtant sauvée par la suite plus posée
mais magnifiquement tendue). 24 Years possède en revanche de
nombreux moments de pur bonheur et la production est beaucoup moins
connotée et plus vivante que précédemment. Le nouveau chant est
pour beaucoup dans le renouveau salutaire de Nine Eleven, moins sec,
plus habité et chargé émotionnellement. Et en prime un bel objet,
même si là encore pas d'étonnements sur un artwork composé de
peintures de "maîtres" pour la version vinyle: un Caravage
et la fameuse vanité de Philippe de Champaigne. En espérant que ce
nouveau line-up se stabilise un peu et poursuive ce qu'il vient
d'entamer.
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