- Commençons donc par nous perdre, une nouvelle fois, dans les méandres de la nébuleuse musicale lyonnaise. François Virot (Clara Clara, Reveille, François Virot) est responsable de l'enregistrement de ce premier album. Si je tiens à le préciser, c'est parce que à l'oreille, ceci praît comme une évidence. La première écoute nous ferait presque médire, Alligator sonnant quasi comme un projet de François Virot, et ce n'est pas seulement parce que Lisa Duroux, son acolyte au sein de Reveille, compose la moitié de ce duo. Les deux formations ont pas mal de points communs, musicalement et (donc) dans le rendu sonore, puisque l'on pourrait croire que ce premier effort a été enregistré et mixé durant la même session que Time and death, avec les mêmes instruments et une volonté similaire. Mais laissons de côté les quelques commérages fugaces envisageables et focalisons-nous sur l'élégance du trajet que Alligator taille à travers le courant. Noisy pop enjouée et indie-rock sensible sont le créneau du groupe. Lisa Duroux, à la batterie, est accompagnée de Elizabeth Hargrett à la basse. Le chant, elles s'y collent toutes deux. Le jeu de Lisa est assez similaire à celui pratiqué au sein de Reveille. Les lignes de basse, tout en restant assez simples, réussissent aisément à remplir l'espace, que l'on aurait pu craindre restreint. Malgré la modestie de la formation, à aucun moment elle ne manque de richesse ou ne souffre de faiblesses. Le chant, peut-être, est le garant de cette force. C'est surtout lorsque les deux voix se complètent, se répondent, qu'Alligator se fait le plus mordant. Bloody Mouth jure un peu, avec ses scandements et sa vivacité quasi-punk bienvenue, mais les meilleurs moments de ce cinq titres sont atteints avec Sandsellers et Hush, les titres les plus touchant et prenant (ce chant, ces chants !).
samedi 3 décembre 2011
Alligator - Alligator
mercredi 16 novembre 2011
L'oiseau mort - Soubresauts, acte 1
Hip-hop de punks. L'oiseau mort sort enfin cet album, trois ans après le split vinyle partagé avec Collectif Mary Read, sur lequel on trouvait DEAD, le titre du duo qui m'était particulièrement cher, paroles percutantes et instrus infaillibles autour d'un thème à la guitare acoustique. 9 titres pour ce nouvel effort et claque à la première écoute, L'oiseau mort a vraiment un GROS son. Ce n'est pas (qu')une question de polissage, mais le travail effectué sur les textures sonores est de qualité. Les instrus sont riches, soignées et toutes en profondeur. Côté paroles, L'oiseau mort est toujours un animal qui veut mordre, on appellera cela du hip-hop militant. J'avoue ne pas toujours être convaincu par la forme adoptée, certains textes dévient parfois vers le lieu-commun, dans le choix des mots j'entends, mais parallèlement le duo atteint souvent une certaine poésie dans l'expression de ses revendications. Au rayon des bonnes surprises et des temps forts de cet album, le titre d'ouverture Les silences, Quels sourires et Crash Test avec ses cuivres, réquisitoire contre les nano-technologies.
mardi 1 novembre 2011
Kiruna - Kalayaan
On regrettera Kiruna. Non que leur noise hardcore soit à part et que l'on se retrouve dorénavant orphelins d'une musique irremplaçable. On regrettera Kiruna car le groupe a splitté cet été, nous privant d'un BON groupe dont il ne sera désormais plus possible de profiter en live. Mais voilà, cet album posthume, disponible à nos oreilles depuis début octobre, amène des bribes de neuf, nous faisant déplorer un peu plus encore cet arrêt brutal. Le chant, aussi singulier était-il, semble se retrancher plus profondément encore dans ce qui faisait de lui la touche reconnaissable du groupe. Ce timbre particulier, généralement scandé et sans cesse uniforme, se permet quelques écarts, notamment sur le couplet du titre éponyme (je ne dois pas être le seul à entendre des similarités avec Blackthread, avec qui le groupe a partagé plusieurs dates). Tout le long de l'album, on est touché par cette impression que Kiruna réussit à faire du neuf et du frais à partir d'une vieille recette. Les dernières compositions de Kiruna sont massives, Kalayaan ayant eu droit à un enregistrement de bonne facture, la basse sous overdrive semblant toujours être l'instrument de proue. Mais cette impression de nouveauté n'en est pas qu'une. De manière subtile, la guitare apporte beaucoup plus de contrastes que par le passé, se permettant des lignes plus inventives. Le comble de cette histoire, c'est que Kalayaan doit se restreindre sous la forme de données binaires sur matériel informatique. On aurait également voulu profiter de cet artwork d'une autre manière que sous sa forme pixelisée. On rêve, alors on espère goûter un jour à cet album en format vinyle, ou du moins pouvoir tenir un bel objet entre nos mains et caresser du bout des doigts les paroles sur papier.
mercredi 7 septembre 2011
Monstre! - Inside Living Animals
On parle de l'artwork? On parle de l'artwork. Les Monstre! ont opté pour un cheap assumé. Quatre portraits sur la pochette, sorte de caricature de l'album Let it be. Le pif de l'un se retrouve sous le front de l'autre, la moustache du troisième avec les lunettes du quatrième. Saurez-vous trouver à travers les autres possibilités imprimées sur le dos de l'album les vrais visages des musiciens de Monstre!? Côté galette, Inside Living Animals contient son lot de bombes noisy funky. Mocking birds, Echoes of silver, Lions on my sweatshirt, Giorgio Armani Nejad au jeu de mot osé et The answer to your questions might be in Black Sabbath songs: tout autant de possibilités pour danser fiévreusement sur un sol crasseux. Pour faire court, Monstre! c'est Sonic Youth qui aurait décidé de faire un album disco. Le duo basse/batterie confesse son sens évident du groove. Les deux guitares s'approprient chacune leur propre terrain de jeux. Pendant que la première se cantonne à une mélodie simple, en note à note, mais plus efficace tu meurs, l'autre ammène de la texture, joue de sa réverb ou de son overdrive craspec. Au milieu de ce fun continu, seul Sudden beat of the sun apparaît comme un peu plus "déprimé". Plus chargé, avec un accord qui dure qui dure. Plus lourd aussi, presque hypnotique. Tout chez Monstre! est extrêment juste, extrêment bien pensé, extrêment bien fignolé. Les arrangements (les clappements sur Lions on my sweatshirt par exemple) bouclent la cohérence de l'album. En bonus, deux titres: une autre version de Echoes of silver et de Sudden beat of the sun. La première en boîte à rythme et synthé, fun et même pas anecdotique; la seconde en version (presque) dansante, évidemment. Voilà, alors on peut se marrer un petit moment avec la pochette, mais ce premier ep de Monstre! a de quoi se la rammener, parce qu'avec un tel sens de la mélodie et du groove, Monstre! atteint aisément son but qui est que "les mélodies restent gravées dans la tête de l'auditeur dès la première écoute."
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Ned - Bon Sauvage
Commençons donc par (re)situer Ned. Ned est un trio lyonnais qui existe déjà depuis 1998. Après une poignée d'ep, albums, et splits (avec Doppler notamment), Bon sauvage a débarqué en mai 2011, le visage fier avec pour apparat cette linogravure élégante signée Mino Maccari, artiste et caricaturiste fondateur de la revue Il Selvaggio (Le Sauvage en italien) active de 1924 à 1943. Le bon sauvage comme figure antithétique d'une société bien-pensante, illustrée par les deux personnages de la pochette, dans laquelle on apprends aux hommes à jouer à la guerre et aux femmes à user de leur coeur. La musique de Ned est justement loin de la binarité illustrée ici. Si Ned a bien calmé le jeu depuis ces précédents efforts, le trio taille toujours sa route à travers ses propres paysages, qui ne sont ni trop dociles, ni trop amicaux. Sachant se la jouer funky (l'imparable Afri-cola), élaborer des dérapages en forme de clin d'oeil (le punk-rock Turn on the cops), Ned a élagué son noise-rock et lui a insufflé une nouvelle énergie post-punk. Bon Sauvage sent, tout à la fois, les années 80, 90 et 2010. Bigger Penises affiche, sans gêne aucune, un groove irrésistible et on se laisse happer par la lancinance des spoken-words et du riff interminable de Wanna be beta city. On retrouve des accents à la The Ex chez Ned, notamment dans la voix (Same same but different), parfois également à la Fugazi. Néanmoins, après une première moitié enthousiasmante, Bon Sauvage s'essouffle petit à petit, et même si les textes en français au milieu du titre éponyme nous font sursauter l'oreille un instant, les quatre derniers titres estompent tout l'engouement que le trio avait construit avec les sept premiers titres. Dommage, car Ned a le talent de son côté, mais le trio gagnerait à tailler le superflu, vois à se limiter à des formats plus courts, surtout lorsqu'on met en forme son album de si belle manière.
jeudi 14 juillet 2011
Taulard - Taulard
Taulard s'appelle Taulard. Sur la pochette de la première cassette de Taulard, on voit apparaître une lame de rasoir, sans trop même avoir à faire de pirouettes avec les yeux. Rien de subliminal ici, on sait effectivement à quoi s'attendre lorsqu'on met en route la bobine: Taulard n'a pas vraiment le coeur à la fête. Taulard c'est des états d'âme, des maux, des instants fixés sur le papier. Le point fort de Taulard justement, c'est peut-être bien les paroles. Faussement naïves, souvent mélancoliques, parfois ironiques ou un poil vénères; des sales expériences sous forme d'histoires. Une écriture indécise, parfois évasive, presque poétique, et parfois beaucoup plus concrète. Le chant en français, dans ce style particulièrement, est un exercice casse-gueule. La première écoute pèche un peu. On rechigne parce qu'on n'a pas l'habitude. Mais on décide de donner une seconde chance, car on sait qu'il s'y passe quelque chose. On retourne la cassette, on réappuit sur play (les deux faces de la cassette sont identiques), et alors on se sent un peu bête, parce que finalement ce chant, on l'aime bien quand même. Les "oh oh" de Ville portuaire, on les chante en coeur, pas le choix. Pour ce qui est du reste, c'est à dire les instruments, le choix est celui d'une atmosphère dépouillée et maladive. Bien sûr, les lignes de basse sont audacieuses, mais la batterie tend vers l'épuration. Le synthé, lui (le principal élément mélodique), sait ne pas en faire des tonnes et mène la barque avec finesse. Et puis cette pochette: visuel minimaliste, un peu à l'image de la cassette des Rip It Up! il y a quelques mois: concise et classe.
mercredi 29 juin 2011
La Crève / Les Objets Meurent - Les objets crèvent
Ha ba bravo, je me mets à faire des chroniques de mes propres groupes! On (La Crève) a sorti notre premier disque, un split avec Les Objets Meurent il y a peu. C'est la première demo des deux groupes, qui a été fabriquée de A à Z (enregistrement, pochette, pressage) du 20 au 22 mai. Je vais tout de même me contenter de critiquer Les Objets Meurent. Donc, Les Objets Meurent est un groupe d'emo de Grenoble. Après les avoir revu en concert il y a peu, je me suis rendu compte que le son de la demo ne jouait pas du tout en leur faveur : la voix est très loin derrière et la disto de la guitare sonne plus grunge qu'autre chose. Non, en fait, ce que je veux dire par là, c'est que d'une part la disto une fois enclenchée, les notes sont imperceptibles; de l'autre part, le son global sonne vraiment "grunge" alors que ce n'est pas du tout fidèle à leur son brut. En fait, je ne leur ai pas encore avoué, mais Les Objets Meurent est mon groupe grenoblois préféré. Les paroles sont vraiment bien, notamment le titre éponyme Les objets meurent sur le "punk" et ses contradictions, les comportements machos dans Le bal des pompiers, Joystick Division, le petit tube de l'album, sur la génération des années 80 et La guerre des mots sur la récupération des "idées alternatives", enfin c'est mon interprétation personnelle pour celle-ci. Pour plus d'infos, vous pouvez me contacter directement, et pour Les Objets Meurent: chivain(arobase)no-log(point)org
Han Som Soker - Lane of thought
Si le premier album d'Han Som Soker, enregistré durant l'hiver 2009/2010, avait été enfanté pendant une période très limitée, composé en trois mois et plus ou moins improvisé, ce nouvel effort nommé Lane of thought affiche clairement une plus grande ambition de composition. De black métal, il ne reste que Part I, mais la couleur n'y est plus vraiment, tout est plus diffus, hypnotisant. La guitare acoustique prends dorénavant une part beaucoup plus importante au sein de la création, emportant le spectre musical de Han Som Soker vers d'autres sphères: folk, prog, drone, expé, post-rock... On croirait par exemple entendre du Pink Floyd sur Lane of thought. Un harmonica fait son apparition sur plusieurs chansons, presque rêveur. Les lignes de chant, toujours sobres, sont particulièrement réussies sur les deux derniers titres. Douces, parfois rauques, elles réussissent à donner à l'ensemble encore plus de caractère, et c'est en cela que réside l'évolution la plus notable: Han Som Soker, ce n'est plus seulement de la musique mais un ensemble de véritables chansons cohérentes d'un bout à l'autre. Il faut également préciser l'énorme effort au niveau de la qualité sonore du disque: les instruments sont propres mais dans le bon sens du terme et permettent de profiter de la beauté des chansons, à leurs justes valeurs. Pour ce qui est de l'album en lui-même, la pochette est entièrement fait main, de manière artisanale et l'objet sort une nouvelle fois en très peu d'exemplaires.
contact: eolhra(at)hotmail(dot)com
mardi 12 avril 2011
La Seconda Volta - Orange and blue
La Seconda Volta pourrait nous venir de Washington DC et être signé sur Dischord, tant la promiscuité musicale avec des groupes comme Lungfish et surtout Fugazi est flagrante. Mais La Seconda Volta ne vient pas de Washington. La Seconda Volta vient de Saint-Etienne. Saint-Etienne n'est peut-être pas Washington DC mais Saint-Etienne a elle aussi un passé punk-rock prestigieux depuis les nineties avec des groupes comme Sixpack. Et La Seconda Volta est clairement ancré dans cette tradition. Soft power, leur premier album sorti en 2009, proposait neuf titres dont quelques uns possédant ce fameux potentiel de la mélodie obsédante, notamment Who's gonna save the boys, Noone cares at all ou Find a way to justice. Sans que ceci eu été un réel problème, Soft power souffrait d'une trop faible qualité sonore: pour Orange and blue c'est chose réglée. On pourrait croire que La Seconda Volta se soit détaché un peu, entre temps, de ses influences mais il n'en est rien. Le spectre de Fugazi rôde même de plus en plus au-dessus du groupe, le timbre du chanteur se rapprochant par moments de celui de Ian MacKaye de manière troublante. Orange and blue ne contient que quatre titres mais vaut largement leur premier effort. Le petit bémol c'est que Orange and blue est enregistré sur CD-R et je ne sais pas si tous les exemplaires sont comme celui que me suis procuré à l'un de leurs concerts, mais la particularité de mon exemplaire est que chaque piste est doublée et que certains des doublons se coupent de manière étrange. De plus, je ne suis pas sûr que les titres soient dans le bon ordre, vous voudrez donc bien m'excuser pour d'éventuelles erreurs d'attribution. A threat to escape se construit sur une simplicité percutante. Des riffs en note à note, un groove certain et un refrain où se complètent voix masculine et voix féminine (celle de la guitariste) pour un résultat poignant. My fat ass (clin d'oeil à Shellac?) est beaucoup plus contrastée et énergique. No words reprends à l'identique l'intro de batterie de Around the fur de Deftones et l'outro, avec ce "He got no words" répété inlassablement, tend à la langueur. On regrette en revanche que le chant et les accords de guitare du refrain sonnent si faux sur Sleep so tight. Hormis ce dernier titre qui aurait mérité une intention au niveau du chant peut-être moins ambitieuse, Orange and blue contient les meilleures chansons à ce jour des stéphanois, A threat to escape et No words étant particulièrement classieuses.
dimanche 27 mars 2011
Neige Morte - Neige Morte
Neige Morte est le genre de combo qui, rien que sur le papier, ne peut être qu'enthousiasmant. Parce que réunir en son sein des membres de Overmars, Sheik Anorak et 12XU (remplacé depuis par un de Burne), c'est débuté avec un sacré bagage sous le bras et avoir pré-acquis à sa cause une bonne partie des personnes qui suivent de près la scène musicale lyonnaise. On rajoute à cela une poignée de premières parties (Keelhaul, Gnaw,...) et une première sortie (celle-ci donc) sur le label anglais Aurora Borealis (et tout cela en une année d'existence) et on se dit que l'engouement suscité doit être fondé... Neige Morte est le genre de pseudonyme qui ne vas pas tenter de tromper l'auditeur sur la marchandise, l'association hiver + putréfaction faisant ressortir rapidement de notre imaginaire commun une esthétique propre à un style qui a toujours su rester quelque peu outsider: le Black metal?...bingo!..., même si musicalement c'est plutôt du côté des avenues bondées des métropoles américaines, avec Liturgy et toute la clique, que celui des forêts enneigées norvégiennes qu'il va falloir aller chercher les influences. Parallèlement, Neige Morte joue sans réserve avec cette imagerie folklorique: loups démoniaques, pentacles et biquets occultes, et là où cela pourrait passer pour complétement ridicule, chez Neige Morte le tout est assurément jouissif. De la douce brise traversant les cimes en guise d'ouverture jusqu'aux bêlements finaux, Neige Morte impose sa patte en une trentaine de minutes. Black metal hybride, les yeux injectés de noise et la mâchoire puissamment indus, Neige Morte est un monstre prêt à tout dévorer. Batterie punk, ambiances flippantes, riffs dissonants, des faux airs de Neurosis sur Fausse victime vrai bourreau, et puis Tout sonne faux comme point culminant, avec ce riff monstrueux à la Godflesh, ces notes de gratte stridentes tellement à côté de la plaque donc totalement pertinentes. C'est complétement malsain, ça fout des frissons dans le dos et c'est tellement bon, l'occasion pour tout le monde de faire son coming-out en assumant complètement son goût pour Belzébuth et les ténèbres.
samedi 5 mars 2011
Rip It Up! - Demo 2011
Je vais d'abord m'arrêter sur l'artwork puisque c'est la première chose que l'on peut savourer dans cette démo du groupe grenoblois. Il y a un petit quelque chose des pochettes de Descendents (dessin minimaliste en noir sur blanc). Franchement, cela faisait un petit moment que je n'avais pas vu une pochette aussi classe, comme quoi deux coups de crayon sont bien plus efficaces que n'importe quel assortiment photoshop/typo complètement dégueu (le graphisme, c'est comme la mode, ce qui est « in » aujourd'hui est « has been » dans 3 mois). Parenthèse close. Rip it up! c'est donc du fast-punk rock avec un chant instinctif présentant ci et là quelques relents de Jello Biafra. Les thèmes des chansons (la résignation, les attitudes dans la scène punk, la spéculation immobilière,...) sont abordés de manière intelligente et rageuse. Huit chansons avec trois accords qui se courent après, ça dépasse rarement les deux minutes, du punk-rock à l'ancienne mais sincère et tout autant réjouissant. Mention spéciale pour Allumettes. Première démo et le meilleur à espérer pour la suite.
mardi 1 février 2011
Baton Rouge - Fragments d'eux-mêmes
Fragments d'eux-mêmes ouvre une parenthèse qui nous renvoie inexorablement au hiatus de Daïtro. Le quintet lyonnais nous a abandonné avec Y en 2009 et on pensait ne pas se consoler mais voilà, Gwen, Benoît, Julien et Samuel ont décidé de poursuivre l'aventure sans leur chanteur et de fonder Baton Rouge. Comme dans 12XU, c'est Gwen et Julien qui se partagent ici le micro; la justesse n'est pas toujours au rendez-vous, le timbre parfois à la limite de l'agréable mais peu importe, car premièrement on s'y fait très rapidement, deuxièmement dans le style, le chant n'a jamais été des plus harmoniques et enfin, la qualité des compositions supplante largement un quelconque attardement sur ce détail. Les lyonnais ont délaissé l'emo-hardcore passionné cher à Daïtro pour se tourner vers un indie/noise/emo racé. Parce que oui, Fragments d'eux-mêmes a tous les attributs d'un album tel que l'on en sortait dans les années 90: Mission of Burma ou Sonic Youth pour le côté indie/noise et de l'emo tel que l'on en retrouve chez Tubers, chouette groupe dont les 12XU ont croisé la route durant leur tournée aux Etats-Unis, et dont Gwen et Julien ont sorti le dernier album via leur label Echo Canyon. Même la pochette m'a fait juré y avoir vu une référence à celle du premier LP de Drive Like Jehu (mon fort intérieur fait de drôles d'assimilations parfois). Fragments d'eux-mêmes contient son lot de titres taillés pour la célébration en public, en commençant par les deux titres d'ouverture, Tous seuls et l'énormissime Sur un banc. Baton Rouge calme un peu le jeu pour Que les fils: mélodie léchée, choeurs et descente sensible, tout comme celle de Des chemins balisés. Et c'est en cela que réside la force de ce premier album: une navigation perpétuelle entre passages emprunts d'une énergie punk-rock, accalmies à fleur de peau, dissonances noise et une faculté imposante pour un song-writing talentueux. Fragments d'eux-mêmes contient tout de même son moment de faiblesse nommé Aérosols, mais ce premier disque devrait, outre satisfaire tout ceux perplexes face au hiatus de Daïtro, poser Baton Rouge comme une référence dans le style. Tout ça pour vous mener là où je veux en venir: Baton Rouge est un GRAND groupe.
samedi 1 janvier 2011
Daïtro - Vinyl collected
Alors je ne veux pas dire de bêtise, mais il me semble bien que cet album était destiné à la base pour le Japon (le titre en japonais sur la pochette me conforte dans cette idée), dans tous les cas ce Vinyl collected est maintenant disponible par chez nous. Pas de nouveauté ici (enfin pas réellement), cet album étant comme son nom l'indique une compilation. Il regroupe donc le fameux split avec Sed Non Satiata, celui avec Ampere et enfin le sept pouces de la tournée aux Etats-Unis de 2007, donc (quasi-) introuvable sur le vieux continent. Il n'est sûrement pas utile que je ne m'attarde sur les titres du split avec Sed Non Satiata, hormis qu'il était toujours autant délicieux de se plonger à coeur et âme dans De l'eau coule sous les ponts. Vient ensuite le seul et unique titre qui composait le split avec Ampere, La substance et la matière qui m'était inconnu jusqu'à ce jour: complètement chaotique, entrecoupé d'une longue montée poignante sur laquelle se glisse des spoken-words à frémir. Et enfin, le 7'' de l'USA Tour avec Des plaies ouvertes, chanson sur la brèche et ses paroles qui trouvent toujours autant écho dans les combats actuels: « Des cicatrices béantes qu'on hérite d'un passé sanglant. Des poignées de mains qui tentent de faire oublier celles qu'on a déjà sales mais qui s'affairent à jouer le jeu de la précarité et de la clandestinité. » L'instrumentale Et du béton clôt ce disque; encore un très bel objet de chez Daïtro, l'artwork étant signé par Julien, auquel il va être une fois de plus difficile de résister.
Stanok'n'roll - Stanok'n'roll
Comme le nom du groupe l'indique, il est bien question de rock'n'roll dans cet album. Beaucoup de surf-music et une bonne quantité de rockabilly. Tout cela pourrait puer l'Amérique profonde si le chant (la voix ?) en russe ne venait pas réfuter cette hypothèse. Les paroles sont en effet toutes issues de textes du poète Velimir Khlebnikov, un des premiers poètes futuristes. Des claviers dérangés, des sons électros dépositaires de Stanok, des samples débiles (rien de péjoratif ici), et des instruments de tout horizon (oud, saxo, sitar, trompette, banjo). On pourrait rapprocher Stanok'n'roll de L'Orchidée d'Hawaï, mais le groupe grenoblois se disperse moins que le voisin chambérien. Malgré le melting-pot musical présenté ici, l'album sait rester homogène. Pas de chanson rockab' suivie d'un titre surf-rock, précédant une interlude plus « world music », mais du Stanok'n'roll du début à la fin. Alors Stanok'n'roll c'est quoi au final ? Et bien Stanok'n'roll, c'est un peu une fanfare montée par une bande de cowboys perdus au beau milieu du désert et qui, sous l'effet de la chaleur et du manque d'eau, est en train d'avoir de sacrées hallucinations.
Faux Départ - L'album de la maturité
Et voilà, c'est lorsque quelque chose nous touche que les mots nous manquent. Et il est hors de question de laisser tomber, parce que même si cet album se ressent plus qu'il ne s'explique, il mérite largement qu'on en parle. Ce n'est ni le piano ni la voix que l'on placera sous les projecteurs, mais le propos. Il en va de tranches de vie, de coups de gueule, d'expériences passées et à venir, de doutes et d'envies de repeindre le monde. Faux Départ sort de la cuvette et même ceux qui ne les connaissent pas s'en apercevront assez rapidement, entre le titre Grenoble & moi ou la déclaration d'amour pour Michel Destot (Nique ton maire). Coeurs d'enfants sur Le D.D., inspiration/hommage à la rapeuse Casey avec Chez moi, percussions enjouées pour Génération pas content et violoncelle poignant sur Rien pour faire peine. Faux Départ a des choses à dire, les dit justement et fermement. Si je devais approfondir sur ces treize titres, je me sentirais dans l'obligeance de citer une bonne partie des paroles, mais je vais me limiter à un rapide résumé de mon ressenti : des frissons et des yeux vitreux sur Rien pour faire peine, Je voudrais pas vieillir et 30 ans, et un sourire qui s'extirpe de façon si naturelle sur Génération pas content ou Le D.D. A raison d'avoir un cœur et une conscience, le piano slam désabusé et revendicatif de Faux Départ émouvra, captivera ou ébranlera.
Parpaing - Poule d'oeuf
La musique de Parpaing est un joyeux foutoir, à l'image d'un Mr. Bungle époque Disco volante. Les quatre acolytes ne tiennent pas en place et passent d'un instrument à un autre entre chaque chanson (guitare/basse/batterie/clavier/saxo). Il y a quelque chose de très cinématographique dans les 7 titres qui composent cet album. Pas un thriller, sûrement pas une romance, ce serait inapproprié pour un film dramatique mais cela pourrait être la BO d'un film de série B qui mélangerait allègrement une attaque de zombies venus de l'espace, une course-poursuite de jeunes ados abrutis avec un dinosaure dans un château hanté et un complot militaro-scientifique dirigé par le pape. De toute façon, avec un nom de groupe comme Parpaing et un album qui s'appelle Poule d'oeuf, il ne fallait pas s'attendre à des gens qui se prennent au sérieux. Les titres des chansons sont tout aussi énigmatiques Valse au parquet Raballand, Unicon, IK l'homme d'or. Il y en a une qui m'amuse particulièrement en revanche, c'est Plakoplâtre. Alors déjà, Plakoplâtre de Parpaing, c'est tout un concept. La tourne de clavier/guitare/basse est réjouissante à souhait : ça fonce tout droit, pas de temps mort, un tourbillon de volupté.
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